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Fusion de cultures Paris Théâtre national de Chaillot 06/16/2016 - et 17, 18, 21, 22*, 23, 24 juin 2016 Shiganè naï José Montalvo (chorégraphie), Joëlle Iffrig (assistante à la chorégraphie), Michael Nyman, Armand Amar, Maurice Ravel (musique), Shin Chan-sun (arrangements percussions)
National Dance Company of Korea: Yun Sung-cheol, Jung Gil-man, Lee Se-bum, Park Ki-hwan, Hwang Yong-chun, Kim Byung-jo, Lee Jae-hwa, Kim Hyun-joo, Jang Hyun-soo, Kim Mi-ae, Kim Young-mi, Noh Moon-seon, Park Young-ae, Lee Hyun-kyung, Jeong So-young, Lee So-jung, Kim Euni, Park Mi-young, Park Kee-ryang, Park Ji-eun, Song Ji-young, Park Hye-jee, Lee Yo-eum, An Young-Hwan
José Montalvo (scénographie et conception vidéo des parties 1 et 3), Han Jin-gook (costumes), Jung ART, atelier SHIN (réalisation des costumes), Kim Jong-han (maquillage), Gilles Durand, Vincent Paoli (lumières), Mélinda Muset-Cissé (coordination artistique), Sylvain Decay, Clio Gavagni, Michel Jaen Montalvo, assistés de Graphic Design Monocrom (infographie), Pascal Minet, Sylvain Decay (collaborateurs artistiques à la vidéo)
(© Séoul@TNK)
José Montalvo nous a, depuis son premier grand succès public, Paradis, en 1997, donné maint exemple de danse fusion: fusion des races, des musiques, des danseurs, des images avec cette maîtrise parfaite de la vidéo qui est sa signature. A l’occasion de l’année France-Corée 2015-2016 lancée par les gouvernements des deux pays à l’occasion du cent-trentième anniversaire de leurs relations diplomatiques, le Théâtre national de Chaillot a reçu plusieurs compagnies sud-coréennes. Cet événement culmine avec la coproduction qu’il a réalisée avec la National Dance Company of Korea, Shiganè naï, créé à Séoul en mars 2016 et dont c’est la création en France. Il est à noter que cette compagnie s’est peu ouverte à des collaborations de ce type, Montalvo étant, après le Finlandais Tero Saarinen, le deuxième chorégraphe occidental invité.
Cette pièce en trois parties qui s’enchaînent parfaitement est un vrai bonheur et pourrait bien être sur le plan de la chorégraphie ce que Montalvo a fait de meilleur. Sur le plan du spectacle, on retrouve la même virtuosité vidéasque, le projet étant enrichi cette fois par des extraits d’un magnifique film de Yann Arthus-Bertrand, Human, substrat de la partie centrale. Les vidéos de Montalvo montrent des danseurs coréens en habits traditionnels exécuter des pas de danse ancestraux, pas vite repris par les vrais membres d’une troupe de vingt-quatre jeunes danseurs en tenues contemporaines décontractées, des vols de pélicans, des éventails, des vues de Séoul artistiquement travaillées. Un vrai bonheur! La première partie («Shiganè naï», qui veut dire «L’Age du Temps») débute par un grand numéro de tambours frappés avec une énergie incroyable par de très jeunes danseuses. Puis, chacun y va de son solo, les talents se révèlent, se multiplient et tous jouent avec la vidéo sur des musiques de Michael Nyman et d’Armand Amar.
On passe des gestes traditionnels aux contemporains avec une vitesse et une facilité désarmantes en une grande démonstration festive. Puis vient le temps de la gravité avec la deuxième partie, «Souvenirs de voyage», qui évoque les grands flux migratoires et touche du doigt les vrais problèmes du monde, la misère, la solitude, l’espoir. La guerre nous étant épargnée, ce spectacle délivre un message optimiste et positif. Les danseurs se fondent dans ces sublimes paysages filmés avec tant de poésie et d’exactitude par Arthus-Bertrand.
Puis la fusion revient vers la France avec un Boléro de Ravel, source inépuisable pour les chorégraphes, jubilatoire et attendrissant car on comprend vite que, même si ce n’est leur culture ni musicale, ni gestuelle, les danseurs s’approprient ces rythmes et cette progression dans l’intensité musicale menés par une soliste, Jang Hyun-soo, qui avec une gestuelle très tellurique et des cris animaux entraîne l’ensemble de la troupe dans une transe quasi rituelle.
Olivier Brunel
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