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Une pénétrante Opus 111

Paris
Auditorium du Louvre
06/01/2016 -  et 26 (Barcelona), 31 (Schweinfurt) mai, 2 (Wuppertal), 3 (Leverkusen) juin 2016
Johann Sebastian Bach : Variations Goldberg, BWV 988
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 32 en ut mineur, opus 111

Lars Vogt (piano)


L. Vogt (© Neda Navaee)


Pour son escale parisienne à l’Auditorium du Louvre, le pianiste allemand s’est illustré dans un programme classique comme on n’en fait plus: les Variations Goldberg de Bach, qu’il vient d’enregistrer pour l’éditeur Ondine, et l’ultime Sonate opus 111 de Beethoven.


Plutôt que de le conduire vers les sommets, Lars Vogt prend son public par la main et privilégie les chemins de traverse. On est moins en présence de la vision réfléchie du bâtisseur que de la déambulation capricieuse de l’arpenteur (déjà le Wanderer schubertien?): d’allure rhapsodique, chaque variation s’éploie telle une pièce de caractère, dans l’esprit d’une suite de danses. Rarement l’art du Cantor n’a paru aussi proche de celui de Rameau, voire des «goûts réunis» de notre Couperin. Si les pieds restent à distance raisonnable des pédales, les doigts s’autorisent un legato légèrement collant. On apprécie ailleurs l’indépendance des mains: ainsi de la première variation, où la main gauche pique la vedette à la dextre lors de la reprise. D’où vient, dès lors, que son interprétation n’ait pas totalement convaincu? Indépendamment du fait que, comparée à certaines versions puissamment architecturées, celle de Lars Vogt déflore ce monument du répertoire pour clavier, on déplore çà et là quelques crispations (et mêmes quelques scories), un manque de respiration sur la durée, comme si notre pianiste peinait à s’affranchir du texte et des barres de mesure. La déchirante vingt-cinquième variation lui sied moins que les plus légères, à l’humeur badine. Preuve, s’il en était besoin, que les Variations Goldberg au piano – et en public – demeurent un défi de taille.


Bien que jouée elle aussi avec la partition, l’Opus 111 a montré Lars Vogt beaucoup plus libre et contrôlant davantage ses effets. Sans doute l’œuvre lui est-elle plus familière, ainsi que l’atteste un enregistrement pour EMI datant de la fin des années 1990 – l’un de ses premiers disques. A l’instar de son Bach, il favorise des tempos plutôt vifs, qui font de l’Allegro con brio ed appassionato un cousin éloigné des insolentes sonates de jeunesse de Ludwig van, marquées par le courant Sturm und Drang. Mais nous sommes happés, et ce torrentiel premier mouvement ne laisse pas une minute de répit. Le sublime qui, à nos oreilles, était refusé aux Goldberg, nous l’avons eu dans l’Arietta, dont Lars Vogt a donné une interprétation pénétrante et très engagée, avec des prises de risque (fulgurances, rythmes pointés implacables de la fameuse variation jazzy, densité des trilles gangrenant les dernières mesures) définitivement payantes. Les quelque trente secondes de silence qui suivirent les ultimes mesures en disent plus long que tout discours.


Le site de Lars Vogt



Jérémie Bigorie

 

 

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