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Affinités wagnériennes

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/19/2016 -  
Franz Liszt : Orpheus
Richard Wagner : Wesendonck-Lieder
Anton Bruckner: Symphonie n° 7 en mi majeur

Jonas Kaufmann (ténor)
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti


Pour son antépénultième concert à la tête du National, Daniele Gatti avait choisi un programme pleinement romantique (ou, du moins, postromantique) placé sous la figure tutélaire de Richard Wagner. Car, d’une œuvre de son beau-père Franz Liszt (1811-1886) à une symphonie d’Anton Bruckner (1824-1896) directement inspirée et dédiée au maître de Bayreuth, en passant par une œuvre de la main même de Richard Wagner (1813-1883), le fil conducteur était évident. Evident d’ailleurs comme le furent les sonorités de ces différentes œuvres qui, d’une façon ou d’une autre, renvoyaient très directement à la façon d’écrire de la musique qui était propre à l’auteur de la Tétralogie.


Il en allait tout d’abord de ce magnifique poème symphonique Orphée, malheureusement peu connu, qui permit d’entendre le National dans un climat extatique, digne parfois de Sibelius. Tout ne fut que délicatesse, du violon solo au cor anglais, des deux harpes au violoncelle solo, le tout conduit avec finesse par un Daniele Gatti d’emblée très inspiré.


Mais ce n’était là que le hors-d’œuvre puisqu’une grande partie du public (l’applaudimètre ne trompait pas) était venue pour écouter le ténor du moment, en la personne de Jonas Kaufmann. Célèbre pour sa prise de rôle dans Lohengrin notamment, il interprétait ce soir les célèbres Wesendonck-Lieder dans la version orchestrale réalisée par Felix Mottl, pièce généralement chantée par une voix féminine (soprano ou mezzo-soprano) mais qu’il a pourtant déjà enregistrée sous la direction de Donald Runnicles (Decca). Avouons tout de suite notre déception: Kaufmann n’était pas très en forme. Les aigus étaient voilés, l’émission vacillante, les piano fragiles... La voix retrouvait néanmoins son lustre à la faveur d’un forte et d’une tessiture plus facile (un medium d’une chaleur et d’une douceur à tomber). Même si le résultat global fut mitigé, Kaufmann impressionne par son sens de la déclamation, son attention portée au texte et sa prononciation parfaite: retenons donc «Stehe Still» et oublions bien vite «Der Engel»! Applaudissements néanmoins frénétiques d’un public conquis dès l’entrée en scène du soliste... Côté orchestre, le National se montre sous son meilleur jour et Gatti confirme ses affinités wagnériennes, démontrées il y a quelques années dans Parsifal ou, plus récemment, dans Tristan et Isolde.


La seconde partie du concert était consacrée à la Septième Symphonie (1881-1883) de Bruckner qui, bien que dédiée à Louis II de Bavière, est fortement inspirée par Wagner, notamment dans l’Adagio, véritable oraison funèbre au grand maître disparu à Venise en février 1883. Sans que Gatti passe pour un brucknérien fervent (même si son premier véritable concert comme directeur musical du Concertgebouw d’Amsterdam comprendra, à la fin du mois d’août prochain, la Quatrième Symphonie), on connaît ses réussites dans le répertoire germanique. Or, ce soir, on aura surtout connu une panne d’inspiration en raison semble-t-il d’un manque de vision générale de l’œuvre. Ainsi, le deuxième mouvement apparaissait plus comme une juxtaposition d’épisodes que comme une grande arche musicale dont l’unité doit être maintenue de la première à la dernière note. Pour autant, on entendit de bien belles choses, à commencer, dans l’Allegro moderato, par cette entrée en lice des pupitres de violoncelles et d’altos, d’une plénitude et d’un engagement incroyables. Certains traits furent malheureusement handicapés par le positionnement de l’orchestre qui, en raison d’une grève des techniciens du Théâtre, se trouvaient placés sur un même plan, les timbales étant donc presque reléguées en coulisses, les cuivres étant masqués à tous points de vue par les cordes, les contrebasses s’enfonçant également dans les tréfonds de la scène... Difficile dans ce contexte de faire ressortir toutes les finesses de la partition. Si le premier mouvement fut bon et le deuxième décevant (sauf la dernière partie après le fameux climax marqué par les cymbales et le triangle), c’est surtout le Scherzo qui s’avéra hors sujet. Manque de précision chez les violons mais surtout manque de vigueur dans cet ostinato qui n’inquiétait pas beaucoup l’auditeur, Gatti le prenant de manière trop alanguie. En dépit de certaines fulgurances, il en faudra donc davantage à l’Orchestre et à son chef pour convaincre pleinement, le 2 juin prochain, dans la monumentale Huitième Symphonie.


Le site de Jonas Kaufmann
Le site de Daniele Gatti



Sébastien Gauthier

 

 

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