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Préludes à la nuit

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
05/06/2016 -  
Robert Schumann : Märchenerzählungen, opus 132 (*) – Quatuor pour piano et cordes en mi bémol majeur, opus 47 (#)
Arnold Schönberg : Verklärte Nacht, opus 4

Raphaël Sévère (clarinette), Antoine Tamestit (* #), Adrien La Marca, Sarah Chenaf (alto), Adam Laloum (piano), Liya Petrova (#), Aleksey Semenenko (violon), Victor Julien-Laferrière (#), Yan Levionnois, Bruno Philippe (violoncelle)


V. Julien-Laferrière, L. Petrova, A. Tamestit, A. Laloum
(© Stéphane Guy)



Le huitième et avant-dernier concert du vingtième festival dit de Pâques de Deauville parcourait encore une fois les sentiers du romantisme germanique du dix-neuvième siècle.


Il s’ouvrait sur les Récits de contes de fées composés par Robert Schumann (1810-1856) quelques jours avant qu’il se jette dans le Rhin. Les interprètes savent faire ressortir toute la délicatesse de ces pages difficiles par leurs changements d’humeur constants. Adam Laloum y est notamment remarquable. On ne peut trouver meilleur toucher et meilleur phrasé. On le retrouve donc avec plaisir dans le Quatuor avec piano (1843) du même auteur. Les interprètes dominent à nouveau les discours sans cesse zigzagant du compositeur, leurs exaltations comme leurs abattements. Liya Petrova, une artiste d’origine bulgare à suivre attentivement, démontre d’emblée une belle énergie. Le deuxième mouvement paraît être une course dans la forêt; après une charmante romance, le troisième ne manque pas de lyrisme et semble annoncer Fauré, Liya Petrova réalisant des pianissimos aux confins du silence, les autres cordes manifestant une tendresse infinie avant que les passions du quatrième mouvement, très contrapuntique – Bach n’est pas loin –, soient l’occasion de chants éperdus. On retient encore la pudeur d’Adam Laloum, ses arpèges et ses trilles restant naturels autant que ciselés.


Après la pause et le retour du public, parmi lequel on remarque des interprètes qui viennent de quitter la scène et Nicholas Angelich, suivait, d’Arnold Schönberg (1874-1951), La Nuit transfigurée (1899) dans sa version initiale pour sextuor à cordes. Les interprètes abordent les premières pages très lentement et le niveau des instrumentistes se révèle assez inégal. Les accrocs, les démarrages en ordre dispersé, les pizzicati excessifs de Sarah Chenaf et le jeu incertain de Bruno Philippe, il est vrai encore très jeune, laissent une impression mitigée, comme si les artistes étaient ailleurs et passaient à côté des tourments de cette musique. Le curieux bruit d’atterrissage provenant de on ne sait où, pourtant léger mais apparaissant et disparaissant, n’améliore pas les choses. La cohésion du sextuor ne parvient finalement à s’affirmer véritablement que dans les dernières mesures, sorte d’introduction à une nuit apaisée et, auparavant, au spectacle du ciel étoilé qui nous attend à la sortie, au terme d’une journée quasiment estivale.



Stéphane Guy

 

 

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