About us / Contact

The Classical Music Network

Normandie

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Chefs-d’œuvre en fa

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
05/05/2016 -  
Franz Schubert : Octuor pour cordes et vents en fa majeur, opus 166, D. 803
César Franck : Quintette pour piano et cordes en fa mineur (*)

Amaury Viduvier (clarinette), Julien Hardy (basson), Nicolas Ramez (cor), Amaury Coeytaux (*), David Petrlik (*), Pierre Fouchenneret (violon), Adrien La Marca (*), Lise Berthaud (alto), Yan Levionnois (*), François Salque (violoncelle), Yann Dubost (contrebasse), Nicholas Angelich (piano)


A. Coeytaux, D. Petrlik, Y. Levionnois, A. La Marca, N. Angelich (© Stéphane Guy)


Le septième concert du vingtième festival dit «de Pâques» de Deauville rassemblait encore des interprètes fidèles du festival et les générations suivantes conformément à la philosophie des concerts de musique de chambre du printemps.


En première partie, figurait, à la suite d’une inversion de programme, l’immense Octuor (1824) de près d’une heure de Franz Schubert (1797-1828), en fa majeur, et inspiré par Beethoven (Septuor et Sixième Symphonie), sinon dédié au maître. L’onctuosité du jeu des huit instrumentistes frappe d’emblée; elle n’a d’égal que son charme et sa précision sous réserve de quelques attaques du cor au début. Le deuxième mouvement, Adagio, est l’occasion pour la clarinette de dessiner une sorte d’Ave Maria, plein de tendresse; le troisième, bucolique, est aussi léger qu’une première journée de printemps; lors du quatrième, la clarinette chante encore admirablement tandis que le cor se fait chaleureux tout en étant d’une grande prudence, le discours de la contrebasse se révélant alors d’une incroyable modernité; le cinquième est teinté d’une belle mélancolie; et, dans le dernier, après les brefs orages fournis par la contrebasse, les interprètes font tout oublier sauf la légèreté et l’imagination sans limite de ces pages. Virtuosité et musicalité se rejoignent au profit d’une interprétation sans arrière-pensée et éminemment collective. L’excellent premier violon, Pierre Fouchenneret, blagueur, coupe les applaudissements nourris d’une assistance encore trop peu nombreuse pour indiquer au public, que tout n’a pas été joué et que les interprètes vont tout rejouer... avant de lancer une reprise de pages du quatrième mouvement.


Après ces promenades schubertiennes, et une pause interminable, on ne plaisante plus: place aux drames intimes, aux courses éperdues, du Quintette avec piano (1879), en fa mineur cette fois, de César Franck (1822-1890), passionné et passionnant de bout en bout grâce à une interprétation exceptionnelle. Nicholas Angelich, pianiste américain faisant partie des fondateurs du festival en 1997, y est souverain, n’étalent quelques levées de pédale disgracieuses, notamment lors du premier mouvement. Il sculpte le clavier et parvient à creuser des abîmes vertigineux où s’engouffrent des cordes exemplaires au profit d’une véritable vision de l’œuvre, totalement architecturale. La puissance d’Angelich n’écrase pas pour autant les cordes, lesquelles savent résister et de belle manière. Les différentes générations du festival représentées, de Nicholas Angelich (né en 1970), Amaury Coeytaux (né en 1984), Adrien La Marca (né en 1989), Yan Levionnois (né en 1990) à David Petrlik (né en 1995), n’en font qu’une, au service d’une musique d’une intensité balayant tout, à peine perturbée par une sorte de sifflement sporadique, incompréhensible et particulièrement gênant à la fin du deuxième mouvement.


Du très haut niveau, vous dis-je.



Stéphane Guy

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com