About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

D’un enfant à l’autre

Paris
Maison de la radio
04/15/2016 -  
Claude Debussy : L’Enfant prodigue
Maurice Ravel : L’Enfant et les sortilèges

Karina Gauvin (Lia), Roberto Alagna (Azael), Jean-François Lapointe (Siméon/Le Chat, L’Horloge Comtoise), Chloé Briot (L’Enfant), Nathalie Stutzmann (Maman, La Tasse chinoise, La Libellule), Sabine Devieilhe (Le Feu, La Princesse, Le Rossignol), Jodie Devos (La Chauve-souris, La Chouette, Une Pastourelle), Julie Pasturaud (La Bergère, La Chatte, L’Ecureuil, Un Pâtre), François Piolino (La Théière, Le petit Vieillard, La Rainette), Jean-François Lapointe, Nicolas Courjal (Le Fauteuil, L’Arbre)
Maîtrise de Radio France, Chœur de Radio France, Sofi Jeannin (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Radio France, Mikko Franck (direction)


K. Gauvin (© Michael Slobodian)


Debussy et Ravel ont chacun un enfant, mais ils ne se ressemblent pas. L’Enfant prodigue, surtout connu par l’air de Lia, ressortit à l’exercice d’école : même corrigé en 1907, il reste une cantate composée pour le Prix de Rome en 1884, où l’on croirait souvent entendre du Massenet – très finement troussé au demeurant. L’Enfant et les sortilèges est un chef-d’œuvre de la maturité ravélienne. Sans parler des livrets : d’un côté les vers de mirliton d’Edouard Guiraud, de l’autre la savoureuse prose de Colette. Mais on peut légitimement les associer : ils montrent aussi l’évolution de la musique française.


Mikko Franck dirige la « scène lyrique » debussyste avec cette clarté qui avait enchanté des Images exemptes de toute sécheresse. Ni miel ni sel dans cette direction à rebours de tout sentimentalisme, rebelle au kitsch ; elle pourrait peut-être, néanmoins, oser davantage de sensualité à la Massenet. On n’a pas lésiné pour les solistes, qui s’investissent sans condescendance : Roberto Alagna, d’une souplesse lumineuse, sobre et nuancé en enfant revenu vers ses parents attendris, une Karina Gauvin à la voix ronde et généreuse, au phrasé galbé, un Jean-François Lapointe sensible et nuancé. Mais leur chant se dérobe trop souvent, couvert par l’orchestre. Sans doute à cause de l’acoustique, peu favorable aux voix.


L’Enfant ravélien en pâtit aussi, alors que tous forment un ensemble très homogène, chantent et jouent comme s’ils étaient sur une scène. On eût aimé, par exemple, percevoir davantage le bel Enfant de Chloé Briot, ni sèche ni mièvre, les interventions hilarantes – et vocalement impeccables – de François Piolino en Théière, Petit Vieillard ou Rainette. Deux tirent mieux leur épingle du jeu : Sabine Devieilhe, beaucoup plus dans son élément qu’en Somnambule bellinienne, Feu virtuose, Princesse de Rêve, Rossignol aérien, et Nicolas Courjal, Fauteuil ou Arbre qui n’escamotent rien de leur brève mais difficile partie. Le chef transforme le Philhar’ en orchestre de solistes, donne tout à entendre de la marqueterie ravélienne, fait scintiller ou grincer la musique. D’une précision millimétrique, la direction manque seulement, selon les passages, d’ironie et de mystère.


Le concert a été enregistré par Erato/Warner. On attend le disque pour juger définitivement.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com