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L’émotion pour tous

Tourcoing
Théâtre municipal Raymond Devos
03/15/2016 -  et 17*, 18 mars 2016
Claudio Monteverdi : Madrigali guerrieri ed amorosi, livre VIII: «Il combattimento di Tancredi e Clorinda»
Henry Purcell : Dido and Aeneas

Aurore Bucher (Clorinda), Véronique Gens (Didon), Nicolas Rivenq (Récitant/Enée), Hasnaa Bennani (Belinda), Dania El Zein (Seconde femme, Seconde sorcière), Marie-Laure Coenjaerts (La magicienne, L’esprit), Aurore Bucher (Première sorcière), Denis Mignien (Tancredi/Le marin), David Witczak (Lui)
Ensemble vocal de l’Atelier lyrique de Tourcoing, La Grande Ecurie et La Chambre du Roy, Jean-Claude Malgoire (direction musicale)
Andréas Linos (mise en scène, décors et costumes), Bruno Benne (chorégraphie), Jacky Lautem (lumières), Ariel Mestron (vidéo)


A rebours de l’habitude consistant à reléguer les programmes pédagogiques dans les marges des programmations, le projet articulant Il combattimento di Tancredi e Clorinda de Monteverdi et Didon et Enée de Purcell s’inscrit au cœur de la saison de l’Atelier lyrique de Tourcoing. Non content d’ouvrir l’univers de l’opéra à la nouvelle génération de spectateurs, dans la ligne de son engagement en faveur des jeunes solistes, la structure de Jean-Claude Malgoire a fait participer, dans cette production réglée par Andréas Linos, plusieurs établissements de l’agglomération, pour les costumes et les décors, contribuant à décloisonner la perception des talents manuels que ne méprise point l’artistique.


Au-delà de ces vertus éducatives, le spectacle inscrit habilement les deux ouvrages dans un contexte scolaire familier, sans céder pour autant à la facilité de la banale transposition. Ainsi les madrigaux montéverdiens deviennent-ils une leçon de littérature et de théâtre, où deux élèves lisent le texte chanté, au milieu de leurs camarades, sous la conduite du récitant, qui endosse alors le rôle de leur professeur. Mais l’écho de cette performance qui fait revêtir à deux lycéens les rôles de Clorinde et Tancrède va retentir en eux, jusqu’à les transformer dans une belle relecture de la force cathartique, tandis que le profil d’une autre enseignante, secrètement amoureuse de son collègue de lettres, se profile dans le chambranle de la porte de la salle désormais désertée: le lien avec le destin de la reine de Catharge est amorcé. Dans cette seconde partie, l’espace clos s’ouvre sur une topographie habillée par les projections vidéographiques d’Ariel Mestron, où le mythologique de l’intrigue ne renie pas le cadre initial, lequel se reconstituera à la fin de l’ouvrage de Purcell, dans une sorte d’amplification de la courbe dramaturgique esquissée en début de soirée. Au diapason de cette conception qui se nourrit de passerelles entre les genres, la chorégraphie de Bruno Benne mêle des étudiants en danse classique à d’autres pratiquant le hip-hop, dans une juxtaposition où, parfois, les gestes et les vocabulaires se confondent presque.


Enjambant les deux pièces, le plateau vocal se révèle en synchronie avec la lecture de Jean-Claude Malgoire, qui privilégie une sobriété décantée à l’éclat des gosiers, de laquelle exsude avec d’autant plus d’efficacité l’intensité expressive d’arguments admirablement condensés. Récitant dans le Monteverdi, Nicolas Rivenq confirme en Enée une stature sans esbroufe. Contenue dans sa mobilité par un plâtre au bras, Véronique Gens imprime à Didon une noblesse instinctive où la retenue renforce la véhémence des sentiments. Hasnaa Bennani contredit les effets trop souvent dévolus à Belinda. Au chapitre de la jeunesse, la Clorinde investie d’Aurore Bucher fait une Première sorcière appréciable, tandis que Denis Mignien passe de la fièvre de Tancrède au marin. Dania El-Zein assume les interventions de la Seconde femme et de l’autre sorcière, quand l’Esprit et la Magicienne incombent à Marie-Laure Coenjaerts. L’économie de la Grande Ecurie et la Chambre du Roy, revient, ainsi que l’ensemble vocal, aux sources du baroque, en marge de certaines pesanteurs du lyrique: le renouvellement des générations n’a pas vieilli.



Gilles Charlassier

 

 

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