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Une reprise plébiscitée

Marseille
Opéra
03/16/2016 -  et 18, 20, 22, 24* mars 2016
Giacomo Puccini : Madama Butterfly
Svetla Vassileva (Cio-Cio San), Teodor Ilincai (Pinkerton), Cornelia Oncioiu (Suzuki), Paulo Szot (Sharpless), Rodolphe Briand (Goro), Jean-Marie Delpas (Le Bonze), Camille Tresmontant (Yamadori), Jennifer Michel (Kate Pinkerton)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Trenque (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Nader Abbassi (direction musicale)
Numa Sadoul (mise en scène), Luc Londiveau (décors), Katia Duflot (costumes), Philippe Mombellet (lumières)


(© Christian Dresse)


Voilà douze ans que cette mise en scène de Madama Butterfly, signée par l’homme de théâtre franco-congolais Numa Sadoul, navigue entre Bordeaux et Marseille, les deux maisons coproductrices du spectacle. Nous en avions dit tout le bien que nous en pensions lors de sa reprise bordelaise en septembre 2011, et nous n’y reviendrons pas plus avant... si ce n’est pour dire qu’elle est toujours aussi diablement efficace!


La distribution s’avère d’un meilleur niveau que dans la capitale girondine – jusque dans les seconds rôles – avec un Goro (Rodolphe Briand) et un Bonze (Jean-Marie Delpas) pleins d’abattage. La Suzuki de Cornelia Oncioiu séduit autant par la sincérité de son jeu, très émouvant, que par la richesse du timbre, car sous l’apparence de l’effacement, la mezzo roumaine n’en laisse pas moins transparaître une voix extrêmement solide. Tout aussi convaincant, le baryton brésilien Paulo Szot qui offre, avec son beau timbre sombre et sa riche palette de couleurs, un Sharpless de qualité.


Svetla Vassilieva incarne une magnifique geisha, émouvante au premier acte, palpitante au moment où le navire entre dans le port de Nagasaki, bouleversante, enfin, dans l’adieu à son enfant. Avec sa voix chatoyante, porteuse de nostalgie et de déchirements, la soprano bulgare nous rappelle efficacement que Cio-Cio San n’a rien d’un papillon fragile, mais requiert les talents d’une intense tragédienne... ce que Vassileva est indubitablement! De son côté, Teodor Ilincai offre une voix éclatante de santé, d’un aigu facile, parfois peut-être trop claironnante... comme dans son célèbre duo avec Sharpless, qu’il tend à couvrir. Avec son physique avantageux, le ténor roumain dessine un Pinkerton touchant et très plausible dans ses transports passionnés.


Enfin, saluons le subtil travail orchestral du chef égyptien Nader Abbassi, déjà présent dans la fosse phocéenne pour Carmen en 2012, qui conjugue en un juste équilibre, lyrisme, passion et poésie, grâce à un Orchestre de l’Opéra de Marseille très bien disposé à son égard. Le public ne boude pas son plaisir et fait un triomphe à l’ensemble de l’équipe artistique.



Emmanuel Andrieu

 

 

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