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Paroles données Bruxelles Bozar (Salle Henry Le Bœuf) 03/12/2016 - Giovanni Battista Pergolesi: Septem Verba a Christo in cruce moriente prolata – Stabat Mater Sunhae Im (soprano), Christophe Dumaux (contre-ténor), Julian Prégardien (ténor), Johannes Weisser (baryton)
Akademie für Alte Musik Berlin, René Jacobs (direction)
(© Uwe Arens)
Ce concert de l’Académie de musique ancienne, sous la direction de René Jacobs, s’inscrit dans la thématique du KlaraFestival – la passion et la compassion – mais s’oppose radicalement à celui de la veille, malgré la similitude des genres. Après l’œuvre homonyme de Sofia Goubaïdoulina, les Sept Paroles du Christ sur la croix (ca. 1730) de Pergolèse occupent la (longue) première partie : une heure et vingt minutes de musique dont la paternité a été attribuée au compositeur il y a seulement quelques années. Réduites au strict minimum, mais heureusement gratuites, les notes de programme ne divulguent pas plus d’informations à ce sujet, précisant tout de même qu’il s’agit de la première exécution de l’œuvre en Belgique.
Les chanteurs, qui collaborent très souvent avec le chef gantois, interviennent à tour de rôle, souvent accompagnés par un soliste – cor, violon, trompette – qui se place au fur et à mesure en avant pour exécuter sa partie. En dépit d’une expressivité contestable, la voix de soprano de Sunhae Im, souple et cristalline, demeure irrésistible. Dans un style plus adéquat, Christophe Dumaux met en valeur une voix de contre-ténor richement timbrée, aux vives séductions, assez puissante également. Julian Prégardien chante lui aussi ses parties avec vigueur, maîtrise et séduction. En dépit de la pertinence stylistique et de la finesse de ses interventions, Johannes Weisser échoue à capter l’attention à cause d’un instrument manquant de profondeur et d’assise.
Malgré la justesse approximative du cor, imputable, sans doute, à sa nature récalcitrante, la formation berlinoise confirme qu’elle compte toujours parmi les meilleurs ensembles du répertoire baroque, René Jacobs restant, quant à lui, un guide toujours aussi fiable, à la direction égale à elle-même, inspirée mais peu passionnante à observer. Placé en seconde partie, trois fois plus courte que la première, le Stabat Mater (1736) se hisse au même niveau. Cependant, le duo formé par Sunhae Im, qui adopte le ton qui convient, et Christophe Dumaux, qui n’ajuste pas toujours précisément la hauteur de sa voix, ne procure pas le sentiment de naturel et d’évidence attendu.
Le site de l’Académie de musique ancienne de Berlin
Sébastien Foucart
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