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Victoria Hall
03/10/2016 -  et 11 mars 2016
Gabriel Fauré: Pelléas et Mélisande (Suite), opus 80
Matthias Pintscher: Mar’eh
Antonín Dvorák: Symphonie n° 8, opus 88

Renaud Capuçon (violon)
Orchestre de la Suisse Romande, Matthias Pintscher (direction)


M. Pintscher


Coïncidence des calendriers, c’est le jour où l’actuel directeur musical de l’Ensemble intercontemporain fait ses débuts avec l’Orchestre de la Suisse Romande que l’annonce de la signature définitive du contrat de son prédécesseur Jonathan Nott a été finalisée après quelques remous administratifs qui paraissent maintenant un fait du passé.


La suite de Pelléas et Mélisande qui ouvrait cette soirée est une œuvre dont les caractéristiques vont bien à l’OSR. Les bois qui tiennent le discours peuvent montrer leurs qualités. Les équilibres entre pupitres de cette partition un peu diaphane sont rendus avec attention. Le chef est attentif à la continuité de la ligne mélodique et il se dégage une tristesse un peu sourde dans la Marche funèbre finale.


Le concert de ce soir se fait en collaboration avec le festival Archipel de musique contemporaine qui se prolongera les années suivantes et devrait voir le retour à plusieurs chefs-compositeurs diriger leurs propres œuvres. Mar’eh, de l’hébreu «vision» ou «apparition», est une œuvre qui demande un orchestre important avec en particulier quatre percussionnistes. Mais de façon surprenante, ces masses ne sont utilisées qu’avec beaucoup de parcimonie. Mis à part un tutti forte vite réprimé vers la fin de l’œuvre, orchestre et soliste évoluent aux alentours de nuances pianissimo très tenues. Les textures translucides séduisent et interpellent dans un premier temps mais leur manque d’évolution devient un peu lassante. D’une façon inhabituelle, on sentait que le public, pourtant silencieux et respectueux, avait l’esprit ailleurs. La partie de violon est d’une redoutable difficulté et il faut se féliciter qu’un artiste du renom de Renaud Capuçon consacre son talent à des œuvres contemporaines. Mais sa dernière apparition avec ce même orchestre avec la création suisse du Concerto de Pascal Dusapin, plus dramatique, avait peut-être été plus accessible et plus convaincante.


La seconde partie n’est pas sans intérêt. A défaut de charme bohémien, Matthias Pintscher y cherche un dramatisme un peu germanique. Il apporte un soin à développer une certaine longueur de ligne mais ses développements sont un peu visibles et donnent l’impression que cette symphonie est une succession de beaux moments et non une œuvre complétement organique. La polyphonie des mélodies et des danses de cette œuvre sont rendus avec un certain panache. A l’exception de quelques tutti où les cuivres sont un peu lourds, les musiciens jouent avec confiance. La vigueur rythmique si fondamentale dans cette pièce et la mise en place sont de grande qualité. Les bois sont à nouveau remarquables et Sarah Rumer, qui a tant de solos dans ces trois pièces, confirme qu’elle vraiment un des grands atouts de l’OSR.


Renaud Capuçon retrouvera très bientôt l’OSR et Osmo Vänskä avec qui il avait joué Dusapin, puisqu’il sera le soliste du Concerto de Beethoven et de pièces de musique Française, programme que ces artistes emmèneront dans une tournée en Asie. L’OSR devrait continuer à travailler lors des saisons prochaines du festival Archipel avec un chef-compositeur, en la personne de Peter Eötvös.


Le site du festival Archipel
Le site de Matthias Pintscher
Le site de Renaud Capuçon



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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