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Un Chausson au poil! Toulouse Halle aux Grains 04/19/2001 - Claude Debussy : Six épigraphes antiques Pierre Wissmer : Troisième symphonie pour cordes Daniel-Lesur : Sérénade pour cordes Maurice Ravel : Trois chansons Ernest Chausson : Poème pour violon et orchestre Orchestre de Chambre de Toulouse, Alain Moglia (violon et direction) C’est à l’aune de tels concerts que l’on peut mesurer l’apport d’Alain Moglia et de ses troupes à la vie musicale toulousaine. Peu d’autres formations peuvent offrir, en effet, une programmation aussi riche en découvertes dans des conditions d’interprétation toujours satisfaisantes. Ce programme français illustrait par ailleurs le niveau musical atteint par l’Orchestre de Chambre de Toulouse sous l’impulsion de son directeur, souplesse d’adaptation, cohésion instrumentale, homogénéité des timbres, ductilité de l’interprétation.
Un choix très heureux, alternant pièces connues et œuvres rares, offrait de plus un très intelligent panorama montrant la profonde cohérence du patrimoine français sous l’apparente diversité des formes et des langages. Si l’on était heureux de retrouver les figures tutélaires de Debussy et Ravel, le premier dans une très belle transcription des Épigraphes antiques jouée avec une retenue pleine de mélancolie, drapée de belles couleurs automnales, il était passionnant de découvrir la Sérénade du trop méconnu Daniel-Lesur, et plus encore la Troisième Symphonie de son élève Pierre Wissmer. À l’écriture élégante jusqu’à une certaine légèreté du premier répondait le sens contrapunctique et la grande densité émotionnelle du second, dans une écriture par moment proche d’Honnegger. Pourtant, sous ces différences, on sentait un même sens d’une délicatesse harmonique très “française” dans le meilleur sens du terme, toute de fluidité et ennemie de toute emphase. La concentration de l’orchestre a d’ailleurs fait merveille dans cette œuvre, qui a donné l’envie de mieux connaître ce compositeur.
Enfin, le Poème pour violon et orchestre de Chausson, dans une transcription pour cordes très chambriste qui en accentuait la dimension nostalgique, bénéficiait d’une lecture d’un intense engagement par Alain Moglia, qui s’y est taillé un beau succès.
La présence d’un public toujours fidèle et chaleureux montre que les choix sans concession, la ferveur et la curiosité d’Alain Moglia ont su conquérir les mélomanes toulousains. Puisse-t-il nous mener encore loin sur des chemins si peu fréquentés ! Laurent Marty
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