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Inauguration réussie

Geneva
Opéra des Nations
02/15/2016 -  et 17*, 19, 21, 23, 25, 27, 29 février 2016
Georg Friedrich Haendel : Alcina, HWV 34
Nicole Cabell (Alcina), Monica Bacelli (Ruggiero), Siobhan Stagg (Morgana), Kristina Hammarström (Bradamante), Anicio Zorzi Giustiniani*/Erlend Tvinnereim (Oronte), Michael Adams (Melisso)
Orchestre de la Suisse Romande, Cappella Mediterranea (continuo), Leonardo García Alarcón (direction musicale)
David Bösch (mise en scène), Falko Herold (décors), Bettina Walter (costumes), Michael Bauer (lumières), Barbora Horáková Joly (dramaturgie)


(© GTG/Magali Dougados)


Le Grand Théâtre de Genève devant subir d’importants travaux de rénovation, c’est désormais l’Opéra des Nations qui accueillera les spectacles lyriques pendant deux saisons et demie. Cette nouvelle salle n’est autre que le Théâtre Ephémère entièrement construit en bois de la Comédie-Française, qui avait été édifié dans la cour du Palais-Royal. Des 746 places à Paris, la salle a été adaptée et élargie pour passer maintenant à 1166 fauteuils. La fosse (qui n’existait pas à Paris) peut contenir jusqu’à 70 musiciens, ce qui fait que la programmation se concentrera sur des ouvrages plutôt intimistes. La scène occupe une surface de 475 m2, soit plus du quart de l’ensemble du bâtiment, qui tire son nom de son implantation à la Place des Nations, en plein cœur du quartier des organisations internationales. La structure de l’ouvrage n’est pas sans rappeler le théâtre élisabéthain. Par ailleurs, le bois offre une acoustique particulièrement chaude et chaleureuse. Les cintres – peu élevés – ne permettront que des effets limités, ce qui devrait stimuler l’imagination des metteurs en scène. Indéniablement, la structure séduit par l’harmonie de ses volumes, le confort des sièges et la proximité avec la scène, quel que soit l’endroit où l’on est assis. Une fois son utilisation terminée, elle devrait s’envoler pour la Chine.


Le répertoire baroque étant peu joué à Genève, l’Alcina d’ouverture de l’Opéra des Nations était attendu avec beaucoup d’impatience. Dans un décor (Falko Herold) représentant un jardin laissé à l’abandon et parsemé de plantes et d’animaux empaillés qui fait penser à la production imaginée par Katie Mitchell à Aix-en-Provence l’été dernier, le jeune metteur en scène allemand David Bösch relègue le merveilleux et la magie au second plan pour se concentrer sur Alcina femme amoureuse, jalouse et désespérée, en proie à la peur, notamment la peur de vieillir. Ce parti pris se reflète aussi dans les nombreuses coupures opérées dans la partition (avec notamment la suppression du chœur et du personnage d’Oberto), qui font que le spectacle se termine sur l’air « Mi restano le lagrime » chanté par une Alcina plaintive et émouvante, se rendant compte qu’elle a tout perdu.


Dans la fosse, les musiciens de l’Orchestre de la Suisse Romande, jouant sur instruments modernes et peu rompus au répertoire baroque, sont complétés par cinq instrumentistes de la Cappella Mediterranea qui assurent le continuo. Malgré quelques décalages, la fusion est assurée en douceur par le chef Leonardo García Alarcón, spécialiste du baroque, qui cisèle la partition avec finesse et précision. Sa lecture se veut essentiellement contemplative et alanguie, à l’image du rôle-titre, tout au plus aurait-on pu souhaiter davantage de contrastes entre les différentes scènes. La distribution est homogène et de belle tenue. On retient d’abord le Ruggiero particulièrement expressif et engagé de Monica Bacelli, attentive à chaque inflexion. L’Alcina à la fois humaine et sensuelle de Nicole Cabell séduit par le velouté de sa voix. Malgré des vocalises pas toujours précises, Siobhan Stagg confère à Morgana jeunesse et fraîcheur. On relève également le Bradamante héroïque de Kristina Hammarström, fine technicienne, et l’Oronte stylé et fougueux d'Anicio Zorzi Giustiniani, un jeune ténor prometteur, ainsi que le Melisso au beau timbre grave et viril de Michael Adams. L’Opéra des Nations a réussi son inauguration.



Claudio Poloni

 

 

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