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Idées judicieuses Liège Opéra royal de Wallonie 02/07/2016 - Pietro Mascagni: Messa di Gloria Papuna Tchuradze (ténor), Pierre Doyen (baryton)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Claudio Scimone (direction)
C. Scimone
Entre le couplage du Secret de Suzanne avec La Voix humaine et L’Echelle de soie, du 11 au 19 mars, l’Opéra royal de Wallonie programme ce mois de février, outre un spectacle pour les écoles, quelques concerts, notamment, le 20, un récital d’Olga Peretyatko. Celui de ce dimanche après-midi ne comporte qu’une œuvre d’une heure à peine mais ce choix constitue une idée judicieuse compte tenu de sa rareté. Postérieure de huit ans à celle, plus connue, de Puccini, la Messa di Gloria (1888) de Mascagni attire l’attention grâce à sa maîtrise formelle et à son invention mélodique. Sollicitant longuement un ténor et un baryton, elle comporte une importante cadence pour violon. L’Intermezzo de Cavalleria rusticana, composé peu après, suit cette intervention soliste, un appendice que l’auteur aurait ajouté lors de l’un de ses concerts, sans provoquer de discontinuité stylistique.
Autre idée judicieuse : celle d’inviter Claudio Scimone qui a enregistré cette messe il y a treize ans. Fondateur, en 1959, des Solisti Veneti, ce vénérable maestro de quatre-vingt-un ans revient dans ce théâtre où il a dirigé, en juin 2013, le Guillaume Tell non de Rossini, qu’il a souvent interprété, comme en témoigne sa discographie, mais de Grétry, l’enfant du pays. Sa direction sobre et équilibrée imprime le ton juste, l’exécution laissant une impression de simplicité et d’évidence. L’orchestre se montre égal à lui-même: mates mais soudées, les cordes accordent beaucoup de soin à l’articulation et au phrasé tandis que les bois affichent suffisamment de finesse. Jean-Gabriel Raelet s’acquitte, quant à lui, de la redoutable cadence avec sang-froid.
Expressifs et nuancés, les chœurs montrent autant d’aisance dans ce répertoire que dans l’opéra. La prestation de Papuna Tchuradze et de Pierre Doyen manque parfois de grâce et de pureté, la tessiture du baryton paraissant restreinte, mais les solistes contribuent à la réussite de ce rendez-vous dominical. Manifestement ravi, Claudio Scimone forme un cœur avec ses mains à destination du public qui l’applaudit chaleureusement. Avant de prendre congé, les musiciens reprennent un extrait du Gloria. Encore une idée judicieuse: et si l’Opéra royal de Wallonie montait L’amico Fritz?
Sébastien Foucart
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