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Un Rossini sans ride

Tours
Grand Théâtre
01/22/2016 -  et 24, 26 janvier 2016
Gioacchino Rossini : La Cenerentola
Carol García (Angelina), Chloé Chaume (Clorinda), Valentine Lemercier (Tisbe), Manuel Nunez Camelino (Don Ramiro), Franck Leguérinel (Don Magnifico), Philippe Estèphe (Dandini), Sévag Tachdjian (Alidoro), Albane Vignaud, Marie-Agnès Richardot, Bérangère Guille, Lucie Royet, Delphine Beaulieu, Christelle Pennec, Marylou Bourdeau, Chloé Fagot (danseuses), Evolène Aquilon, Anna Escaffre (Fillettes)
Chœurs de l’Opéra de Tours et chœurs supplémentaires, Inaki Encina Oyón (chef des chœurs), Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours, Dominique Trottein (direction musicale)
Jérôme Savary (mise en scène), Frédérique Lombart (réalisation de la mise en scène, chorégraphie), Ezio Toffolutti (décors et costumes), Lucia Lucchese (assistante décors et costumes), Alain Poisson (lumières), Sébastien Bohm (reprise lumières)


(© François Berthon)


A rebours de l’insatiabilité de nouveauté – ou prétendue telle – de plus d’une institution lyrique, cherchant un équilibre parfois discutable avec des restrictions budgétaires çà et là quelque peu à la carte, l’Opéra de Tours invite Frédérique Lombart à reprendre la mise en scène de La Cenerentola de Rossini réglée par Jérôme Savary, et qui, nonobstant les années, n’a pas laissé son espièglerie se rider, dans une lecture qui ne réserve pas la vitalité au seuls mouvements chorégraphiques. Avec un décor qui ne renie pas les cartons peints, Ezio Toffolutti privilégie les pastels et une évocation de la demeure d’un Don Magnifico courant après les honneurs mêlant tendresse et humour, soulignée par le graphisme des lumières imaginées par Alain Poisson. Sans s’attarder sur la question sociale, qu’elle règle efficacement sous le régime du divertissement, la production, sensible aux potentialités éprouvées de l’ouvrage, soutient les ressources des interprètes.


Et dévolue à un plateau qui fait la part belle à la génération montante, la partie vocale fait honneur à la partition. Dans le rôle-titre, Carol García ne néglige aucunement le médium nourri qui donne couleur et consistance à son personnage, entre mélancolie et timidité un rien mutine qui se dévoilent quand le prince et l’amour croisent son chemin. La vélocité de la mezzo espagnole ne subit aucune faiblesse, et ne verse jamais dans l’exhibitionnisme. A cette incarnation empreinte de musicalité répond la juvénilité du Ramiro de Manuel Nunez Camelino. Plutôt que l’insolence du lyrisme, le ténor argentin privilégie une légèreté agile soucieuse d’expressivité.


Déjà repéré très favorablement en Taddeo dans L’Italienne à Alger stéphanoise de décembre dernier, Philippe Estèphe se confirme comme un baryton rossinien des plus prometteurs. Le phrasé naturellement chantant n’oublie pas les effets théâtraux, et magnifie une maîtrise technique sans reproche sur l’ensemble d’une tessiture que l’on ne sent jamais forcée. En Alidoro, Sévag Tachdjian s’affirme comme un baryton-basse déjà solide, aux graves assurés, sans oublier le legato. Les deux sœurs, grimées dans des excentricités vestimentaires rehaussant plus qu’elles ne dissimulent leurs disgrâces, reviennent au duo complémentaire formé par la Clorinda piquante de Chloé Chaume et les minauderies habiles de la Tisbe de Valentine Lemercier. En Magnifico, Frank Leguérinel investit d’abord son irrésistible savoir-faire comique. Préparés par Inaki Encina Oyón, les chœurs se gardent de tout impair, quand l’Orchestre symphonique Région Centre-Val de Loire/Tours respire, sous la baguette complice de Dominique Trottein, un plaisir communicatif, au diapason d’un spectacle généreux.



Gilles Charlassier

 

 

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