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Un couplage original

Lausanne
Opéra
01/17/2016 -  et 20*, 22, 24 janvier 2016
Francis Poulenc : Les Mamelles de Tirésias
Régis Mengus (Le mari), Céline Mellon (Thérèse/Tirésias), Guillaume Paire (Le directeur, Le gendarme), Jérémie Brocard (Presto), Stuart Patterson (Lacouf, Un journaliste), Marina Viotti (La marchande de journaux), Louis Zaitoun (Le fils)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Jacques Blanc (préparation), Orchestre de Chambre de Lausanne, Daniel Kawka (direction musicale)
Emilio Sagi (mise en scène), Ricardo Sanchez-Cuerda (décors), Gabriela Salaverri (costumes), Eduardo Bravo (lumières), Diniz Sanchez (chorégraphie et assistant à la mise en scène)


Jacques Offenbach/Manuel Rosenthal : La Gaîté parisienne
Marina Viotti (mezzo-soprano), Béjart Ballet Lausanne
Orchestre de Chambre de Lausanne, Daniel Kawka (direction musicale)
Maurice Béjart (chorégraphie), Thierry Bosquet (décors et costumes originaux), Henri Davila (costumes), Dominique Roman (réalisation lumières)


(© M. Vanappelghem)


Pour son premier spectacle de l’année, l’Opéra de Lausanne a eu l’heureuse idée de sortir des sentiers battus en couplant un ouvrage lyrique à un ballet. C’est ainsi que Les Mamelles de Tirésias (1947) de Francis Poulenc précède La Gaîté parisienne, une chorégraphie de Maurice Béjart (1978) construite sur une suite de musiques de Jacques Offenbach, arrangées par Manuel Rosenthal. Même si les deux ouvrages sont totalement différents, non seulement dans leur genre mais aussi dans leur forme et leur contenu, la combinaison n’apparaît pas totalement artificielle, en ce sens que des danseurs évoluent dans l’opéra et que la chorégraphie fait appel à une chanteuse. Autre point commun, et non des moindres : la présence dans la fosse de l’Orchestre de Chambre de Lausanne placé sous la baguette de Daniel Kawka. Tant le chef que les musiciens paraissent totalement à leur aise dans les deux œuvres, réussissant parfaitement la transition délicate entre la farce de Poulenc, au flux musical souple et enlevé, et la métrique de haute précision imposée par la chorégraphie.


La Gaîté parisienne, conçue par Maurice Béjart à Bruxelles en 1978, est présentée à Lausanne pour la première fois. Autobiographique, le spectacle raconte l’histoire d’un jeune homme (gracieux Masayoshi Onuki en alter ego de Béjart) débarquant à Paris pour étudier la danse. Sa professeur russe (tyrannique Elisabet Ros) a beau l’adorer, elle ne cesse de le brimer. Pour échapper un tant soit peu à une discipline de fer, le garçon s’évade en rêve dans un univers bien à lui, un Paris Second Empire où il croise Offenbach, Napoléon III et le baron Haussmann.


Les Mamelles de Tirésias est d’abord un « drame surréaliste » de Guillaume Apollinaire, créé à Paris en 1917. Poulenc en tire un opéra bouffe qui sera présenté pour la première fois à l’Opéra Comique en 1947. Thérèse ne supporte plus d’être une femme et devient Tirésias, un homme, afin de gagner du pouvoir. Son mari, qui souhaite des enfants, décide de devenir femme et de procréer tout seul. L’ouvrage es un petit bijou surréaliste, avant-gardiste par ses propos (on y évoque notamment le féminisme, l’égalité entre hommes et femmes, le changement de sexe et l’antimilitarisme, sans parler des encouragements lancés au public pour l’inciter à enrayer la baisse de la natalité due à la guerre). La production conçue par Emilio Sagi est enlevée et totalement déjantée, sans aucun temps mort, baignant dans de superbes lumières vives, avec des danseurs perchés sur des talons aiguilles et arborant une tenue rose du plus bel effet, danseurs qui jouent avec des escargots, animaux hermaphrodites comme chacun sait... Jeune et parfaitement homogène, la distribution tient toutes ses promesses, avec notamment la Thérèse sensuelle et délurée de Céline Mellon et le mari toujours sérieux et pince-sans-rire de Régis Mengus. Eclats de rires garantis pour cette soirée originale et un brin fofolle.



Claudio Poloni

 

 

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