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In memoriam Walter Weller

Strasbourg
Palais de la musique et des congrès
12/18/2015 -  
Joseph Haydn: Symphonie n° 66 en si bémol majeur
Max Bruch: Concerto pour violon n° 1 en sol mineur, opus 26
Josef Suk: Méditation sur le choral de saint Wenceslas, opus 35a
Johannes Brahms: Variations sur un thème de Haydn, opus 56a
Franz Liszt: Les Préludes

Daniel Hope (violon)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)


D. Hope (© Harald Hoffmann)


Daniel Hope, très britannique d’allure, la cinquantaine comfortable, n’est pas tout à fait un violoniste conventionnel. Son éclectisme s’affiche dans ses choix discographiques particuliers mais aussi, en public, par des bis sortant des sentiers battus. Ici d’abord Imitazione delle campane, du compositeur allemand Johann Paul von Westhoff (1656-1705): une curieuse musique d’arpèges obstinés où le renversement de la succession ascendante habituelle des notes produit une impression de bourdonnement de cloches. En l’absence d’information préalable on attribuerait sans trop hésiter cette pièce à un minimaliste contemporain, Glass ou Nyman par exemple... Et puis encore, en second bis, un Raga d’après Ravi Shankar, d’une originalité et d’une distinction harmonique indiscutables, même pour nos oreilles occidentales peu rompues aux codes extra-européens. Hope semble raffoler de ces bizarreries, qu’il collectionne comme d’autres les objets insolites dans des vitrines. Avouons que jouées à ce degré de maîtrise technique, on est prêt à leur concéder un intérêt certain.


Le Premier Concerto pour violon de Max Bruch n’est en revanche plus une curiosité, encore que sa raréfaction dans les salles de concert se confirme depuis une vingtaine d’années, comme si ce romantisme-là s’effaçait progressivement derrière les mastodontes Brahms et Tchaïkovski, et aussi derrière l’empreinte de plus en plus marquée des grands concertos du siècle dernier. Quoi qu’il en soit on retrouve avec plaisir ces brillantes cavalcades orchestrales et le soin extrême apporté à la rédaction de la partie de violon, toujours de magnifique allure même quand la technicité démonstrative semble passer au premier plan. Des passages que Daniel Hope aborde avec aplomb mais peut-être sans l’infaillibilité absolue d’autres grands concertistes à la sonorité encore plus musclée. Ce qui séduit en revanche beaucoup, c’est une musicalité toujours à l’affût, une écoute scrupuleuse de ce qui se passe à l’orchestre afin d’établir de vrais dialogues et une construction du discours aussi logique que possible. En définitive cette musique de chambre à haut niveau est bien celle que l’on peut attendre d’un ancien membre du Beaux Arts Trio (Hope en fut le violoniste pendant plusieurs années). Une prestation de concertiste toujours formidablement intéressante, et un soliste que l’on espère voir réinvité à Strasbourg.


Seconde partie dédiée aussi à des pièces sinon rares, du moins un peu perdues de vue. On ne présente plus les Variations sur un thème de Haydn de Brahms, et pourtant, quand les a-t-on entendues pour la dernière fois en public ? Sauf exception chacun risque de citer des délais des plus respectables. Pourtant que de charme et de vivacité dans cette succession de variations brèves qui ont chacune l’intérêt et la perfection de finition d’une pièce autonome. A quelques minimes accidents des flûtes près, c’est bien cet accomplissement qui ressort de l’interprétation donnée par un Orchestre philharmonique de Strasbourg en état de grâce (une petite harmonie en forme pas tout à fait égale, mais souvent époustouflante de musicalité et de distinction), sous la baguette précise mais très souple de Marko Letonja. Belle apothéose cuivrée ensuite, avec Les Préludes de Liszt, eux aussi quasi disparus des salles, et pourtant si génialement orchestrés ! Ici tout le monde saisit au vol de superbes occasions de briller et le fondu des sonorités obtenu, avec ce qu’il faut de liant assuré par les harpes, est digne des grands soirs d’une phalange internationale.


Programme généreux, avec encore une roborative Soixante-sixième Symphonie de Haydn en ouverture de soirée, et en début de seconde partie une rarissime Méditation sur le choral de saint Wenceslas de Suk, qui donne aux cordes seules de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg une belle occasion de faire valoir leur cohésion par pupitre et leur richesse de timbre.


Ajoutons que celui qui a conçu ce très intéressant bouquet d’œuvres et devait diriger ce concert, le chef d’orchestre Walter Weller, nous a quittés il y a quelques mois. Marko Letonja a tenu à reprendre personnellement ce concert prévu, sans rien changer au programme. Autant son engagement personnel que celui, très audible, de l’orchestre, ont sonné ce soir-là comme les plus vibrant des hommages à ce grand chef disparu.



Laurent Barthel

 

 

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