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Crudités

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Opéra de Lyon
04/12/2001 -  + 14, 17, 19, 21, 23 25 et 27 avril
Wolfgang Amadeus Mozart : Cosi fan tutte

Gilles Cachemaille (Don Alfonso), Yann Beuron (Ferrando), Stéphane Degout (Guglielmo), Anja Harteros (Fiordiligi), Claudia Mahnke (Dorabella), Catherine Dubosc (Despina)
Chœur et orchestre de l’Opéra national de Lyon, Sylvain Cambreling (continuo et direction)
Stefan Bachmann (mise en scène), Thomas Jonigk (dramaturgie), Hugo Gretler (décors), Annabelle Witt (costumes), Peter Bandl (éclairages)

Ceux qui considèrent, non sans quelque raison, que la précieuse mécanique théâtrale et musicale de Cosi ne supporte pas les mêmes « audaces » de mise en scène que Les Soldats, Wozzeck ou même Peter Grimes rejoindront les quelques huées qui ont accueilli l’équipe réunie autour du Suisse Stefan Bachmann, venue saluer à l’issue de la première.


Les autres auront sans doute compris pourquoi, dans un cadre sombre (chiné noir et marron), l’action se joue sur deux niveaux : inférieur avec un large banc et deux portes latérales ; supérieur avec, au premier acte, un simple fond dont la blancheur immaculée sera progressivement remise en cause par l’action painting de Fiordiligi et par les peinturlurages floraux, plus proches de Miro, dans le meilleur des cas, ou du kindergarten que de Watteau ou de Boucher.


Pour le reste, outre une direction d’acteurs assez statique, c’est la désormais traditionnelle transposition contemporaine, façon Sellars, volontiers criarde et triviale. Ferrando et Guglielmo deviennent des escrimeurs olympiques, Don Alfonso un play-boy à la Dutronc en complet rose fuchsia et chemise à jabot bleue. Fiordiligi et Dorabella troquent au second acte les perruques Crazy horse dont elles sont initialement affublées pour de très classiques chemisiers blancs et jupes noires. Despina, lorsqu’elle n’est pas déguisée en infirmière ou notaire sexy, n’est plus une camériste mais une technicienne de surface véhiculant son chariot de balais et de détergents.


Les accessoires sont tout autant démythifiés : les hommes trinquent... à l’Athlon, les dames boivent du chocolat dans une bouteille et des gobelets en plastique tandis qu’un pot de peinture vert pomme tient lieu d’arsenic. Le décor, quand il n’est pas inexistant, est à l’avenant : au second acte deux sordides chambres de motel parfaitement identiques tiennent lieu de jardin et la noce fictive fait face au public en engloutissant des spaghettis bolognaise.


Couleurs, lumières, gestes, tout tend donc vers la crudité. Ce qui peut gêner, ce n’est pas tant le décalage entre le livret et ce que l’on voit sur scène (la barque, pour ne prendre qu’un exemple, est évidemment invisible), car tout, au fond, est convention. A chacun d’apprécier, en revanche, dans quelle mesure la conception de Bachmann atteint le délicat équilibre entre poésie et ironie et s’il est utile de souligner de manière aussi appuyée ce que Mozart et da Ponte se contentent si bien de suggérer. Seul moment de poésie, certes plus onirique que gracieux, ce changement progressif de lumière au cours de l’admirable trio du premier acte Soave sia il vento.


Et la musique dans tout ça ? L’orchestre sec et la direction peu subtile sont certes à l’unisson de ce que l’on voit sur scène. La consolation vient heureusement de la jeune distribution de chanteurs francophones et allemands, d’un excellent niveau d’ensemble : Gilles Cachemaille, juvénile Don Alfonso, Stéphane Degout et Claudia Mahnke se distinguent tout particulièrement, mais Anja Harteros et Yann Beuron, dans des rôles vocalement plus exigeants, ne déméritent pas.




Simon Corley

 

 

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