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Retrouvailles attendues

Paris
Salle Gaveau
01/11/2016 -  et 8 (Valle Cerrina), 11 (Milano) novembre 2015, 12 janvier (London), 28 février (Biel/Bienne) 2016
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 5, opus 10 n° 1
Johannes Brahms : Sonate pour piano n° 1, opus 1
Béla Bartók : Trois Burlesques, opus 8c, sz. 47
Serge Prokofiev : Sonate pour piano n° 7, opus 83

Lukas Geniusas (piano)


L. Geniusas (© Evgenij Evtiukhin)


L’un des meilleurs pianistes sortis du Conservatoire de Moscou, bardé de prix internationaux dont la médaille d’argent au Concours Chopin en 2010, Lukas Geniusas était cette semaine à Gaveau où, auréolé de son récent deuxième prix au Concours Tchaïkovski, il était très attendu avec un programme des plus élaborés.


Retour en arrière: en juin dernier, le Concours Tchaïkovski, qui réunit à Moscou et sélectionne impitoyablement le gratin des pianistes du monde entier, n’était pas un long fleuve tranquille. A l’issue de deux longues semaines d’épreuves passionnantes que l’on a pu suivre en direct et en replay grâce à la générosité du site Internet medici.tv, un jury très international rendait un verdict très controversé. Pour beaucoup, Geniusas méritait plus largement le premier prix que son compatriote plus insipide qui l’a remporté; il dut se contenter du deuxième prix ex æquo avec un pianiste américain, George Li, prodigieusement intéressant aussi. Sans compter l’outsider complet venu de France, Lucas Debargue qui remporta le quatrième prix et sur qui il faudra compter aussi dans l’avenir.


Russo-lituanien, avec un contexte familial favorable (sa grand-mère, Vera Gornostayeva, compte parmi les plus éminents professeurs du Conservatoire de Moscou), et un nom doublement prédestiné, Geniusas est apparu sur la scène de Gaveau, devant un parterre de connaisseurs qui ne vivaient que dans l’attente de sa venue à Paris, aussi simple, détendu et serein qu’il avait semblé tout au long des ces inhumaines séances de concours à Moscou. A vingt-cinq ans, il avait quasiment cinq ans d’avance sur la moyenne d’âge des candidats, une carrière déjà bien lancée, deux enregistrements déjà gravés et une maturité qui impressionnait beaucoup.


Le programme pour Gaveau à lui seul était déjà une preuve de cette maturité. Deux pièces de résistance introduites par deux entrées idéales. Quoi de mieux qu’une sonate de jeunesse de Beethoven pour annoncer la juvénile et vibrante Première Sonate de Brahms. Et pour ouvrir l’oreille aux dissonances et aux fulgurances de la Septième Sonate de Prokofiev, quoi d’autre que la vigueur et la truculence des Trois Burlesques de Bartók?


Et tout au long de la soirée Geniusas a surpris. Dans la Cinquième Sonate de Beethoven, la première de la série à annoncer le style pianistique du compositeur, il a joué la simplicité, la pureté rythmique, et maintenu le public en haleine avec une construction parfaite. Puis aussitôt après, on a pu goûter à la formidable sonorité que l’on attribue volontiers à l’école russe de piano. Sauf qu’ici nulle épaisseur et, l’acoustique favorable de Gaveau aidant, on a pu apprécier ce don de colorer chaque note qui lui est bien personnel. S’il n’a pas failli à rendre le bouillonnement symphonique du piano du jeune Brahms dans les mouvements animés, notamment dans le Rondo final, c’est dans l’invention qu’il a mis à rendre la simplicité d’écriture des variations de l’Andante qu’il a été le plus stupéfiant.


Bartók et Prokofiev ont été le feu d’artifice technique infaillible attendu. Mais la maîtrise de ces trois scherzos que sont les Burlesques faisait preuve d’une assimilation totale de l’œuvre du Hongrois. La Septième Sonate de Prokofiev expose terriblement à la fois technique et sonorité. Geniusas y a été prodigieux dans les deux cas et on ne se souvient pas depuis les interprétations les plus légendaires de ses grands prédécesseurs disparus, d’avoir entendu le final Precipitato joué avec une telle clarté dans les plans sonores, sans jamais la moindre dureté dans tous les déferlements martiaux d’accords de ce mouvement trop souvent joué à l’esbroufe.


Retour au calme avec une Mazurka de Chopin comme désincarnée et une des ses Valses jouée à une vitesse risquée. Un long et tortueux Prélude de Rachmaninov, recelant des trésors de sonorité, concluait ce formidable récital.


Le site de Lukas Geniusas



Olivier Brunel

 

 

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