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A Radio France, le début de l’année Dutilleux

Paris
Maison de la radio
01/07/2016 -  
Camille Saint-Saëns : Phaéton, opus 39
Henri Dutilleux : Tout un monde lointain
Johannes Brahms : Symphonie n° 1, opus 68

Gautier Capuçon (violoncelle)
Orchestre national de France, Andrés Orozco-Estrada (direction)


A. Orozco-Estrada (© Werner Kmetitsch)


Boulez et Dutilleux. Disparition et centenaire. Leurs chemins restèrent plutôt parallèles, mais le premier concert de Radio France dédié à l’année Dutilleux ne devait-il pas être précédé d’un hommage à Boulez ? La maison assura, en 1948, la création du Soleil des eaux, alors pièce radiophonique sur des poèmes de René Char. Le responsable des illustrations musicale s’appelait, à l’époque, Henri Dutilleux... Deux ans plus tard, Roger Désormière et le National révélaient la première version révisée de l’œuvre de Boulez, un an avant de créer la Première Symphonie de Dutilleux...


C’est Tout un monde lointain qui a inauguré l’année Dutilleux. Gautier Capuçon et Andrés Orozco-Estrada en ont donné une version très colorée, très incarnée, d’un lyrisme intense. Fallait-il en attendre plus de mystère et moins de lumière, pour mieux perpétuer la nostalgie baudelairienne ? Ce serait annexer la partition à la musique à programme, contre les intentions mêmes de Dutilleux. On s’est donc laissé séduire par ces tons vifs, ce geste assez dramatisé, ce côté narratif, presque picaresque par endroits, culminant dans un « Hymne » final jubilatoire. Le chef n’en a pas pour autant sacrifié l’élaboration de la forme à la magie des timbres, veillant à l’articulation des différentes sections. Le soliste aussi, qui a fait magnifiquement chanter son Matteo Goffriller, à la fois brillant et habité, désormais l’un des meilleurs interprètes de l’œuvre. On rêve de l’entendre dans l’autre grand concerto de l’année 1970, créé trois mois après, celui de Witold Lutoslawski. Bis naïf et épuré : Le Chant des oiseaux, un Noël catalan arrangé par Pablo Casals, qui le voulait symbole de paix et de réconciliation.


Laissé à lui-même, le chef colombien, qu’on avait beaucoup aimé dans une Deuxième Symphonie de Mendelssohn avec le même National en novembre 2014, n’a pas autant convaincu. Un brillant Phaéton de Saint-Saëns, dont il souligne les effets sonores, pâtit de décalages dans l’orchestre – l’occasion de réécouter le trop oublié Louis Fourestier en 1952 à la tête des Concerts Colonne. La Première Symphonie de Brahms ne souffre pas de ce défaut. Elle déborde d’énergie, aussi généreuse dans le geste que dans la sonorité, allant droit au but, jusqu’à un finale très dramatique dont les tensions se résolvent dans une coda spectaculaire. Mais le souffle reste court, malgré les apparences, comme si la direction privilégiait l’instant plutôt que la durée, la séquence plutôt que l’ensemble, manquant aussi de fluidité polyphonique. Cela fait son effet, mais s’agissant de Brahms...



Didier van Moere

 

 

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