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L’année commence bien Bruxelles Bozar (Salle Henry Le Bœuf) 01/03/2016 - et 5 (Waregem), 7 (Leuven), 8 (Virton), 9 (Roeselare), 10 (Ostende) janvier 2016 Ambroise Thomas: Raymond ou Le Secret de la Reine: Ouverture
Charles Gounod: Roméo et Juliette: «Amour, ranime mon courage»
Jules Massenet: Manon: «Obéissons, quand leur voix appelle»
Jacques Offenbach: Les Contes d’Hoffmann: «Elle a fui, la tourterelle»
Camille Saint-Saëns: Suite algérienne, opus 60: «Rêverie du soir»
Gustave Charpentier: Louise: «Depuis le jour»
Gaetano Donizetti: Anna Bolena: «Piangete voi? Al dolce guidami»
Gioachino Rossini: Semiramide: Sinfonia & «Bel raggio lusinghier»
Vincenzo Bellini: Norma: Sinfonia & «Casta diva» Maria Pia Piscitelli (soprano)
Orchestre national de Belgique, Gaetano d’Espinosa (direction)
M. P. Piscitelli
Le concert de nouvel an de l’Orchestre national de Belgique constitue une tradition bien établie. Ne comportant pratiquement que des extraits d’opéras français et italiens du dix-neuvième siècle, le programme rappelle le projet de fusion de la formation avec l’Orchestre symphonique de la Monnaie à l’horizon 2026.
Sous la direction de Gaetano d’Espinosa, ancien premier violon de la Staatskapelle de Dresde, les musiciens se montrent d’emblée sous leur meilleur jour dans l’Ouverture de Raymond ou Le Secret de la Reine (1851), ouvrage de Thomas tombé dans l’oubli, à l’exception de cette page éclatante. En verve, l’orchestre atteint un remarquable niveau de cohésion et de précision, comme dans les sinfonie de Sémiramis (1823) de Rossini et de Norma (1831) de Bellini. La «Rêverie du soir» de la Suite algérienne (1880) de Saint-Saëns, durant laquelle intervient un remarquable alto solo, atteste en outre du niveau élevé des bois.
Dans l’opéra français, l’accent de Maria Pia Piscitelli compromet la clarté de l’élocution mais la soprano révèle une voix bien timbrée, plutôt centrale, malgré la solidité des aigus, faisant valoir, dès son premier air, «Amour, ranime mon courage» de Roméo et Juliette (1867) de Gounod, la richesse de son médium et son sens de la caractérisation. Dans «Obéissons, quand leur voix appelle» de Manon (1884) de Massenet et «Depuis le jour» de Louise (1896) de Charpentier, une voix plus délicate et légère, plus souple et onctueuse, aurait mieux convenu. Mais si le timbre ne séduit pas immédiatement, la soprano, capable autant de nuances que de puissance, présente de louables qualités de legato.
En seconde partie, Maria Pia Piscitelli se profile en belcantiste chevronnée, malgré une émission parfois resserrée lors du passage vers le haut du registre. La soprano évolue avec naturel, sans forcer sa voix, dans les airs d’Anna Bolena (1830) de Donizetti et de Sémiramis, et démontre l’étendue de ses moyens dans «Casta diva», en dépit d’une minime crispation de l’aigu. Colorée, dynamique et méticuleuse, la direction de Gaetano d’Espinosa apporte un démenti à ceux qui pensent encore, à tort, que les compositeurs d’opéra italiens de la première moitié du dix-neuvième siècle négligeaient l’orchestration. Les bois ne cessent de se distinguer par leur expressivité et leur précision, notamment la flûte solo dans l’emblématique air de Norma.
Le premier bis, La danza de Rossini, immortalisée par la désopilante scène du Corniaud dans laquelle Louis de Funès répare la carrosserie d’une voiture à la place du garagiste, permet d’apprécier, une fois de plus, la souplesse et l’éclat des cordes. Les musiciens exécutent ensuite la Marche de Radetzky: un peu hors sujet mais cette pièce plait au public qui frappe ainsi des mains comme à Vienne. Pour l’Orchestre national de Belgique, l’année commence bien.
Le site de Maria Pia Piscitelli
Sébastien Foucart
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