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Anna Netrebko embrase la Scala

Milano
Teatro alla Scala
12/07/2015 -  et 10, 13, 15, 18*, 21, 23 décembre 2015, 2 janvier 2016
Giuseppe Verdi : Giovanna d’Arco
Francesco Meli (Carlo VII), Anna Netrebko*/Erika Grimaldi (Giovanna), Devid Cecconi/Carlos Alvarez* (Giacomo), Dmitri Beloselski (Talbot), Michele Mauro (Delil)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Riccardo Chailly (direction musicale)
Moshe Leiser, Patrice Caurier (mise en scène), Christian Fenouillat (décors), Agostino Cavalca (costumes), Christophe Forey (lumières), Etienne Guiol (vidéos)


(© Brescia-Amisano/Teatro alla Scala)


Le 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise, patron de la ville de Milan, la Scala ouvre traditionnellement sa saison. L’événement est l’un des plus grands rendez-vous culturels et mondains d’Italie, avec une couverture médiatique digne des compétitions sportives les plus importantes. Cette année, l’illustre théâtre est sorti des sentiers battus en programmant Giovanna d’Arco, un ouvrage peu connu de Verdi. Créée à la Scala même en 1845, l’œuvre est à l’origine de la brouille entre le compositeur et le théâtre : blessé par la violence des critiques, Verdi ne remettra plus les pieds à Milan pendant 36 ans. Giovanna d’Arco n’avait plus été représentée à la Scala depuis 1865. 150 ans plus tard, le théâtre répare un long oubli en quelque sorte. Avec un éclat tout particulier, puisque l’œuvre est défendue par une équipe de chanteurs hors pair ainsi que par un orchestre et un chœur en forme superlative.


Partition de jeunesse de Verdi, écrite pendant ce qu’il est convenu d’appeler les « années de galère » du compositeur, Giovanna d’Arco souffre d’un livret confus et truffé d’invraisemblances signé Temistocle Solera, qui s’est lui-même inspiré de la pièce La Pucelle d’Orléans de Schiller. Les metteurs en scène Moshe Leiser et Patrice Caurier ont tenté de trouver une solution à cette histoire bancale en transposant l’action dans un intérieur cossu du XIXe siècle, dans lequel une jeune fille malade, en proie à des hallucinations, est veillée par son père. Elle s’imagine dans la peau de Jeanne d’Arc et croit voir arriver un roi vêtu d’une cuirasse dorée. L’enfer est suggéré par des vidéos, alors que les meubles de l’appartement serviront de bûcher, dans une imagerie somme toute assez conventionnelle et classique. Qu’on adhère ou non à cette conception, force est néanmoins de constater que la mise en scène a le grand mérite de laisser la place principale aux voix et à l’orchestre, qui sont les atouts majeurs de cette Giovanna d’Arco milanaise.


Dans le rôle-titre, Anna Netrebko renouvelle son exploit salzbourgeois de 2013 : voix ample et bien projetée, superbement contrôlée sur toute la tessiture, timbre d’une richesse harmonique infinie, vocalises précises et agiles, la soprano russe semble n’éprouver aucune difficulté à déjouer les écarts meurtriers de sa ligne vocale, incarnant une Jeanne d'Arc hallucinée et hystérique. Sûrement une de ses incarnations les plus réussies jusqu’ici. Par rapport aux représentations de Salzbourg, la voix de Francesco Meli, qui interprétait déjà le roi, a indubitablement gagné en ampleur et en volume. Le ténor italien n’a désormais plus besoin de forcer son instrument et peut livrer un chant nuancé, avec des couleurs solaires, campant un souverain tout en finesse, plus lyrique qu’héroïque. Plus en retrait, Carlos Alvarez (souffrant, il avait dû laisser sa place pour la première), se révèle un père émouvant et humain, avec un superbe « legato ». Le chœur offre une prestation mémorable, à l’image de l’orchestre, placé sous la baguette de Riccardo Chailly. Sa direction particulièrement contrastée et dynamique exacerbe la tension dramatique, sans jamais tomber dans la grandiloquence. Il y a longtemps que la production d’ouverture de la saison de la Scala n’avait plus fait l’unanimité.



Claudio Poloni

 

 

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