About us / Contact

The Classical Music Network

Lyon

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Offenbach au régime Carotte

Lyon
Opéra
12/12/2015 -  et 14, 16, 18, 21, 23, 27, 29 décembre 2015, 1er janvier 2016
Jacques Offenbach : Le Roi Carotte
Julie Boulianne (Robin-Luron), Yann Beuron (Fridolin XXIV), Christophe Mortagne (Le Roi Carotte), Boris Grappe (Truck), Jean-Sébastien Bou (Pipertrunck), Chloé Briot (Rosée-du-Soir), Antoinette Dennefeld (Cunégonde), Lydie Pruvot (Coloquinte), Thibault de Damas (Dagobert, Psitt), Brenton Spiteri (Maréchal Trac), Jean-Christophe Fillol (Comte Schopp), Romain Bockler (Baron Koffre)
Chœurs et Studio de l’Opéra de Lyon, Philip White (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Lyon, Victor Aviat (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène, costumes), Agathe Mélinand (adaptation du livret, nouvelle version des dialogues), Chantal Thomas (décors), Joël Adam (lumières)


(© Bertrand Stofleth)


Rendez-vous consacré pour les fêtes de fin d’année, le répertoire léger rime avec redécouverte à l’Opéra de Lyon, qui met à l’affiche un Offenbach oublié, Le Roi Carotte. Entre fantaisie et satire politique, l’ouvrage, créé en quatre actes et six heures en 1869, et réduit par les auteurs à trois actes en 1872, avait depuis quitté les planches et les fosses. L’hétérogénéité de son matériau, autant que les questions de forme, y ont sans doute contribué, quand bien même les aventures du roi Fridolin XXIV, détrôné par une carotte par l’entremise d’une sorcière, ne sauraient manquer de vertus divertissantes, soutenues par une onomastique au comique explicite, sans compter une partition qui multiplie les clins d’œil au corpus passé et à venir du compositeur français – Kleinzach et la beuverie estudiantine comme anticipation d’Hoffmann en constituent l’exemple le plus saillant. La condensation dramaturgique s’est appuyée sur le patient travail de collation dû à Jean-Christophe Keck, lequel avouera d’ailleurs n’avoir jamais encore réalisé de travail aussi redoutable – la multiplicité des sources et l’absence de tradition d’interprétation compliquant la reconstitution.


Pour cette résurrection, Serge Dorny a fait appel à un habitué de la maison, Laurent Pelly, dont l’expertise en Offenbach n’est plus à démontrer. Avec la complicité d’Agathe Mélinand, la fraîcheur des dialogues a été mise au goût du jour. On retrouve les partenaires habituels du metteur en scène, lequel s’est chargé cette fois des costumes: Chantal Thomas dessine les décors, que rehaussent les lumières de Joël Adam – les panneaux de légumes ou d’insectes défilent, tandis les tableaux de famille ont pris des couleurs maraîchères avec le nouveau règne, et que la garde-robe de la cour se met au diapason des teintes orangées du souverain. Le tout est assaisonné par une direction d’acteurs réglée, comme toujours avec Laurent Pelly, par une précision impitoyable, imprimant au spectacle un rythme sans temps mort, jusque dans la solubilité du dénouement.


Le fantasque pimenté du livret se retrouve dans un plateau à la vitalité juvénile. Yann Beuron, paré de la couronne et des déconvenues de Fridolin XXIV, démontre, une fois de plus, une maîtrise accomplie du style. En Cunégonde, promise envoûtée par la racine, Antoinette Dennefeld confirme une musicalité pétillante que l’on avait déjà remarquée en Isolier, dans Le Comte Ory la saison passée. Julie Boulianne résume avec gourmandise l’espièglerie alerte de Robin-Luron, quand la maturation de Chloé Briot, dont le babil a gagné en corps et en rondeur, bénéficie à Rosée-du-Soir, à laquelle elle donne une appréciable consistance. De son assurance constante, Jean-Sébastien Bou sait tirer de Pipertrunck toute la versatilité politicienne, aux côtés du Truck efficace de Boris Grappe. Christophe Mortagne assure un numéro savoureux en Roi Carotte aux terreuses nasalités, auquel la maléfique et rocailleuse Coloquinte de Lydie Pruvot, en comédienne émérite, ne lui cède en rien. Le Studio de l’Opéra de Lyon n’est pas oublié, et fournit le reste de la délégation ministérielle. Thibault de Damas se révèle un solide Dagobert, tandis que Brenton Spiteri emprunte la veulerie du Maréchal Trac. Jean Christophe Fillol et Romain Bockler ne déméritent pas davantage en Comte Schopp et Baron Koffre. Préparés par Philip White, les excellents Chœurs de l’Opéra de Lyon partagent avec les solistes une impeccable maîtrise linguistique. A la tête de la phalange de la maison, le jeune Victor Aviat se contente de l’essentiel.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com