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Malandain touch Versailles Opéra royal 12/11/2015 - et 12*, 13 décembre 2015 Thierry Malandain : La Belle et la Bête (création) Piotr Ilyitch Tchaïkovski (musique): Eugène Onéguine (Entracte et Valse) – Hamlet – Symphonies n° 5 et n° 6 (extraits)
Malandain Ballet Biarritz: Ione Miren Aguirre, Raphaël Canet, Mickaël Conte, Ellyce Daniele, Frederik Deberdt, Romain Di Fazio, Baptiste Fisson, Clara Forgues, Michaël Garcia, Jacob Hernandez Martin, Irma Hoffren, Miyuki Kanei, Mathilde Labé, Hugo Layer, Guillaume Lillo, Claire Lonchampt, Nuria López Cortés, Arnaud Mahouy, Ismael Turel Yagüe, Patricia Velázquez, Laurine Viel, Daniel Vizcayo, Lucia You González
Euskadiko Orkestra, Ainars Rubikis (direction musicale)
Francis Mannaert (conception lumière), Jorge Gallardo (décors et costumes), Véronique Murat (réalisation costumes), Frédéric Vadé (réalisation décor et accessoires), Annie Onchalo (réalisation masques)
M. Conte, C. Lonchampt (© Olivier Houeix)
De cette avant-première au château de Versailles après deux représentations à Biarritz, de la dernière création du Malandain Ballet de Biarritz qui sera présentée à la prochaine Biennale de Lyon et fera entre-temps une tournée internationale, on sort un peu perplexe.
Certes toujours ravi d’avoir passé dans un cadre aussi exceptionnel et approprié un très savoureux moment, car l’art de Thierry Malandain, la Malandain touch, est dans le paysage chorégraphique français d’aujourd’hui la garantie d’un néoclassicisme audacieux, qui réserve toujours des surprises et ne trompe jamais son public. Mais un peu déçu aussi que, partant d’un conte aux possibilités psychologiques aussi fortes (le film de Cocteau de 1946 est une référence bien pesante), Thierry Malandain ne soit pas allé plus au fond des rapports entre les deux protagonistes un peu dilués dans une complication de l’histoire qui se ressent dans la lecture du ballet pas toujours évidente.
On en rappelle les sources: un conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont emprunté en 1757 à Gabrielle Suzanne de Villeneuve sur la métamorphose par l’amour, thème récurrent dans les contes européens du dix-huitième siècle. Thierry Malandain a penché pour une adaptation façon théâtre dans le théâtre et adjoint aux personnages du conte celui de l’Artiste qui le raconte (Arnaud Mahouy) auxquels s’ajoutent son Âme (Miyuki Kanei) et son Corps (Daniel Vizcayo), deux démons qui le tourmentent. Le choix de la musique est Tchaïkovski avec, hormis la musique du bal d’Eugène Onéguine qui ouvre le pièce et donne l’occasion d’une très belle scène de bal en robes dorées, une de ces scènes très décoratives, magnifiquement réglées dont Malandain a le secret, des mouvements de symphonie au romantisme échevelé qui donnent le ton du ballet.
Ainsi se déroule l’histoire dans une dynamique très énergique avec beaucoup d’épisodes passionnés, des pas de deux magnifiques autant entre le père (Frederic Deberdt) et sa fille la Belle (Claire Longchampt) qu’entre la Belle et la Bête (Mickael Conte), des moments plus confus où l’on ne saisit pas toujours les interactions entre l’Artiste et ses prolongements et l’action du conte.
La scénographie est des plus réduites. De grands rideaux sont tirés pour séparer des espaces, effet à la longue un peu lassant, et quelques accessoires (magnifique table gothique et chandelier) peuplent la scène vide. De beaux éclairages font le reste. Pour la scène finale, un tapis doré envahit le plateau et recouvre les danseurs, effet saisissant avant que ne revienne la Bête qui enlève son masque pour révéler son visage de Prince. Mais l’effet permanent, notamment les scènes avec les créatures du domaine de la Bête dans de magnifiques costumes, efface un peu le mystère et la poésie que l’on attendait de cette narration qui reste plus dans la démonstration que dans la suggestion.
Mais on le répète, le spectacle est bien mené, les danseurs tous admirables autant individuellement que dans les ensembles et on mesure le luxe dont ne bénéficieront peut être pas toutes les représentations d’avoir dans la fosse un véritable orchestre symphonique pour jouer la musique de Tchaïkovski.
Olivier Brunel
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