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Cohérent et copieux Paris Maison de la radio 12/04/2015 - Arnold Schönberg: Symphonie de chambre n° 2, opus 38
Johannes Brahms: Concerto pour piano n° 1, opus 15 – Quatuor avec piano, opus 25 (orchestration Schönberg) Lise de la Salle (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Karl-Heinz Steffens (direction)
K.-H. Steffens (© Gert Kiermeyer)
En couplant Brahms et Schönberg, l’Orchestre philharmonique de Radio France a proposé un programme cohérent et copieux mais de nombreux sièges restent inoccupés dans l’Auditorium de la Maison de la radio en cette veille de week-end. Ces deux compositeurs susciteraient-ils encore des craintes à Paris? Le marathon débute avec la Seconde Symphonie de chambre (1906-1939) du compositeur de Moïse et Aaron. Ancien clarinettiste à l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise et au Philharmonique de Berlin, exerçant une activité de chef depuis 2007, Karl-Heinz Steffens développe, dans cet ouvrage écrit sur un peu plus de trente ans, une approche nette et objective, idéale dans le premier mouvement, mais il ne néglige pas l’expression et la tension dans le second – il règne, en effet, à l’approche de la conclusion, un sentiment d’accablement très à-propos. En formation réduite, donc encore plus exposés que d’habitude, les musiciens se montrent concernés et virtuoses, la mise en place ne laissant rien à désirer.
Lise de la Salle (née en 1988) tient bon dans le Premier Concerto (1854-1858) de Brahms, plus convaincante, néanmoins, dans l’immense premier mouvement, où elle ne manque pas de puissance, et dans le Rondo, robuste et entraînant, que dans l’Adagio, trop terne et feutré. Ayant les moyens pour affronter ce monument, la pianiste en traduit la diversité de ton dans une interprétation dépourvu d’audace et d’originalité, mais conforme aux attentes. L’exécution s’impose avant tout par sa rigueur et sa noblesse, moins pour la sonorité, plaisante mais d’une beauté perfectible. Le chef ne dose pas toujours la puissance de l’orchestre de manière optimale mais la jeune femme, capable de vigueur comme de tendresse, et de faire chanter le clavier quand la musique l’appelle, ne se laisse pas dominer par la masse orchestrale. Cette dernière prend encore la peine de jouer un Prélude de Debussy un peu trop ordinaire mais bien articulé, offrant ainsi l’occasion d’observer, une fois de plus, la rigueur du toucher.
La prestation du Philhar’ dans la géniale orchestration (1937) de Schönberg du Premier Quatuor avec piano (1861) de Brahms compense très largement les quelques baisses d’inspiration observées dans le concerto: il n’y a rien à redire en termes de conception, exaltée et transparente, et de maîtrise, les musiciens gardant le contrôle – le Rondo alla zingarese suffit pour se convaincre de leur niveau élevé. Aux cordes affûtées s’ajoutent de remarquables pupitres de bois, parmi lesquels figurent des flûtes, des hautbois et des clarinettes vraiment épatants. Et Steffens a bien raison de faire acclamer les cuivres, assurés et éloquents.
Le site de Lise de la Salle
Sébastien Foucart
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