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Retrouvailles Paris Philharmonie 1 12/03/2015 - Jean-Frédéric Neuburger: Aube (creation française)
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 2, opus 19
Antonín Dvorák: Symphonie n° 7, opus 70, B. 141 Emanuel Ax (piano)
Orchestre de Paris, Christoph von Dohnányi (direction)
C. von Dohnányi (© DECCA)
En janvier dernier, dans la grande salle de la Philharmonie, Jean-Frédéric Neuburger et Christoph von Dohnányi ont interprété, avec l’Orchestre de Paris, le Quatrième Concerto pour piano de Beethoven. Suite à cette collaboration, le premier a composé, à la demande du second, Aube (2015), créé le 2 novembre par l’Orchestre symphonique de Boston sous la direction du chef allemand qui en assure, ce soir, la première exécution en France. Evocatrice, voire ouvertement descriptive dans son intention d’invoquer les bruits de la nature, cette œuvre d’approximativement douze minutes retient l’attention, à défaut de captiver, grâce à l’orchestration, qui atteste d’un solide métier, le langage ne présentant pas, quant à lui, de traits marquants – la texture demeure légère malgré l’importance de l’effectif. Bientôt trentenaire, ce musicien à la double casquette a raison de persévérer dans la voie de la composition mais cet ouvrage ne porte pas encore la marque du chef-d’œuvre attendu de lui.
Emanuel Ax a joué avec l’orchestre pour la première fois en 1999, sous la direction, justement, de Dohnányi. Le pianiste et le chef situent le Deuxième Concerto (1794) de Beethoven dans une esthétique mozartienne, ce qui ne constitue pas un contresens: exécution équilibrée et traditionnelle mais quelque peu inégale. Entre des premier et troisième mouvements volontaires et idéalement élancés, l’Adagio, joué avec délicatesse, paraît trop indolent et manque de légèreté. Cette interprétation propre sur elle demeure cependant cohérente et révèle un soliste attentif au naturel du phrasé et à la précision des nuances, le trait reste net, même dans les pianissimi. Ax prend congé du public avec «Des Abends» des Fantasiestücke opus 12 de Schumann, occasion d’admirer à nouveau une sonorité plaisante.
Pour la seconde fois cette année, l’orchestre retrouve donc Christoph von Dohnányi, qui en a été le conseiller musical et le premier chef invité de 1998 à 2000. Avec la Septième Symphonie (1884-1885) de Dvorák, l’intérêt du concert monte d’un cran, même si le programme se présente de la même façon que celui de janvier qui comprenait, outre ce Quatrième Concerto de Beethoven, la Neuvième Symphonie de Dvorák. L’interprétation ne bouscule pas les habitudes non plus mais elle convainc, cette fois, sans réserve: approfondie, animée de nobles sentiments, d’allure athlétique et impeccablement ordonnée, malgré la fougue qui l’habite, elle révèle un orchestre de haute tenue qui adopte, sans rupture, un ton idoine. Une telle œuvre permet de passer en revue les brillants pupitres d’une formation qui tire profit de l’acoustique flatteuse de cette nouvelle salle de concert: cordes chaleureuses et unies, bois expressifs et précis, cuivres justes et éclatants. Précisons que ce chef, véritable force tranquille, naquit en 1929 – la même année que Nikolaus Harnoncourt, qui vient d’annoncer son retrait du monde musical. Il ne laisse cependant rien paraître d’un âge aussi avancé.
Sébastien Foucart
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