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L’artisanat heureux d’Unsuk Chin

Paris
Philharmonie 2
11/27/2015 -  
Sun-young Pagh : Ich spreche dir nach
Unsuk Chin : Doppelkonzert – Graffiti
Donghoon Shin : Yo (création)

Sébastien Vichard (piano), Samuel Favre (percussion)
Ensemble intercontemporain, Tito Ceccherini (direction)


T. Ceccherini (© Daniel Vass)


Avec ce concert se referme le portrait d’Unsuk Chin proposé dans le cadre du festival d’Automne. L’occasion également de découvrir deux de ses (jeunes) compatriotes, Sun-Young Pagh (1974) et Donghoon Shin (1983).


De la première, Ich spreche dir nach laisse une impression mitigée en investissant les rapports texte/musique d’une manière peu originale: une «synthèse sonore électroacoustique» du poème de Rozalie Hirs se superpose, à mi-parcours et sans réelle nécessité, aux «gestes instrumentaux qui imitent la voix humaine». En dépit du climat suggestif des premières mesures, le propos se révèle abscons.


Moins ambitieux, l’hommage rendu par Donghoon Shin à Borges (Yo, en création mondiale) s’avère surtout plus communicatif: aux labyrinthes intertextuels de l’Argentin répondent les zigzags d’une musique ludique où le bavardage instrumental finit par tourner au tragique. Les lignes mélodiques habilement juxtaposées attestent des cours suivis auprès d’Unsuk Chin. Si le style de ce jeune compositeur ne paraîtra peut-être pas entièrement signé, sa pièce, qu’on écoute avec un réel plaisir, porte la marque d’un métier sûr.


On attendait la reprise du Double Concerto pour piano, percussion et ensemble de la compositrice coréenne (créé en 2003 par le même ensemble dirigé par Stefan Asbury), retenu dans le disque que lui a consacré Deutsche Grammophon. L’instrumentarium, particulièrement riche en percussions très sonores (les timbales!), eut, hélas, raison des micros... L’interprétation qu’en a donnée Tito Ceccherini, flanqué du pianiste Sébastien Vichard et du percussionniste Samuel Favre, est autrement plus convaincante. Il faut dire que la battue souple et élégante du chef italien met les musiciens en confiance: elle maintient l’équilibre d’une partition en tout point virtuose par la densité de sa polyphonie et l’imprévisibilité de son déroulement.


Mais la grande révélation reste Graffiti (2013), créé à Los Angeles par Gustavo Dudamel, dont les trois mouvements («Palimpsest», «Notturno urbano» et «Passacaglia») rivalisent de raffinements sonores. Intuitive, Unsuk Chin parvient à concevoir un monde entièrement sien à partir d’un effectif somme toute assez standardisé, celui de l’ensemble de musique contemporaine type. Le choral autour duquel prolifèrent des événements ponctuels qu’accompagne un piano volubile (I), le tintinnabulement de cloches mêlé aux bruits blancs confectionnés par les vents (II), ou la mécanique obstinée tournant avec une intarissable vitalité (III), sont le fruit d’un imaginaire singulier. Au vrai, on a rarement entendu, depuis les inventions capricieuses de Franco Donatoni, un tel artisanat heureux.



Jérémie Bigorie

 

 

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