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Un orchestre à reconstruire

Baden-Baden
Festspielhaus
05/30/2015 -  
Felix Mendelssohn-Bartholdy : Ouverture pour « Ruy Blas », opus 95
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 1, opus 15
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 «Pathétique», opus 74

Rudolf Buchbinder (piano)
Münchner Philharmoniker, Zubin Mehta (direction)


R. Buchbinder, Z. Mehta


Munich dispose de trois orchestres d’élite, que les autorités politiques bavaroises ne traitent pas bien. Si la phalange de l’opéra reste confinée dans une mission dont elle sort peu et où elle peut fonctionner sans encombre, les deux autres orchestres (Münchner Philharmoniker et Bayerischer Rundfunk), très majoritairement symphoniques, doivent perpétuellement migrer entre une Herkulessaal trop petite voire dangereusement vétuste et l’improbable salle du Gasteig, empilement de gradins à l’acoustique dévorante, dont plus personne ne parvient à se satisfaire. Chefs et responsables musicaux de la ville, Mariss Jansons en tête, essaient depuis de nombreuses années d’obtenir la construction d’une Philharmonie décente, salle dont le projet n’avance malheureusement qu’à pas de souris, faute en particulier d’un accord sur l’emplacement où la construire. En attendant, ces deux magnifiques formations (sous la direction respectivement de Valery Gergiev et Mariss Jansons), végètent poliment.


Pour ne pas dire pire, car à écouter les Münchner Philharmoniker à Baden-Baden, dans une acoustique généreuse et précise qui ne leur est plus du tout coutumière, on s’aperçoit d’une préoccupante dégradation des équilibres, comme si tout ce beau monde, et en particulier les cordes, avait pris l’habitude de jouer trop fort pour se faire entendre. Héritage aussi de mandats Thielemann puis Maazel (ce dernier tragiquement écourté) qui devaient peu s’embarrasser de subtilité? En tout cas ce Brahms voire ce Tchaïkovski paraissent souvent bruyants et surexposés, et ce n’est pas la baguette de Zubin Mehta, invité relativement régulier mais de passage seulement, qui peut y changer grand-chose.


Mehta reste un interprète privilégié d’une Symphonie «Pathétique» qu’il connaît comme sa poche. Le problème et que l’on connaît aussi désormais très bien tous les ressorts de l’interprétation de la Pathétique par Mehta, et qu’ici ils se reproduisent les uns après les autres avec la même implacable prévisibilité. Tout aussi prévisibles d’ailleurs que les applaudissement qui éclatent après un troisième mouvement tonitruant. Un beau travail de routine symphonique cependant.


Routine plus ennuyeuse pour un Premier Concerto pour piano de Brahms petitement investi par Rudolf Buchbinder, qui gère la partie soliste sans défaut ni éclat particulier. Techniquement c’est assez propre, encore que très arrosé de pédale et très incrusté dans le clavier, ce qui atténue la lisibilité d’accords dans lesquels on sera moins tenté de chercher ce qui peut éventuellement clocher. Bref on arrive à l’autre bout, sous une direction elle aussi plutôt lourde et massive, sans émoi particulier.


Belle tenue, en début de concert, de l’Ouverture Ruy Blas de Mendelssohn, beaucoup entendue à Baden-Baden ces temps-ci. De l’éclat, du panache, et même une logique des enchaînements qui paraît encore supérieure à celle proposée ici il y a peu par Riccardo Chailly. Mais ce n’était qu’une belle entrée en matière.



Laurent Barthel

 

 

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