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Le retour du grand sage

Geneva
Victoria Hall
10/28/2015 -  & 29 octobre 2015 (Lausanne)
Maurice Ravel: L’Heure espagnole – L’Enfant et les sortilèges
Khatouna Gadelia, Kathleen Kim (sopranos), Hanna Hipp, Daniela Mack, Julie Pasturaud (mezzo-sopranos), Julien Behr, François Piolino (ténors), Elliot Madore, David Wilson-Johnson (barytons), Chœur du Grand Théâtre de Genève, Maîtrise du Conservatoire populaire de Genève, Orchestre de la Suisse Romande, Charles Dutoit (direction)


C. Dutoit


Chaque saison, public et musiciens du Victoria Hall savent qu’ils peuvent compter sur Charles Dutoit pour leur offrir une soirée spéciale. Mieux que quiconque, le chef suisse sait faire sonner l’Orchestre de la Suisse Romande avec le style et la couleur françaises qui sont au cœur de son histoire et de sa tradition et cette soirée s’inscrit dans cette continuité.


Les deux opéras de Maurice Ravel – ou devrait-on plutôt dire respectivement «comédie musicale» et «fantaisie lyrique» comme le rappelle avec justesse l’OSR – sont des petits bijoux pleins d’humour et de poésie où le texte sait se marier avec la musique avec une subtilité rare. Il ne faut cependant pas sous-estimer la difficulté instrumentale de ces morceaux où à un moment ou un autre, chaque pupitre se retrouve exposé avec des solos délicats. Les chanteurs ne sont pas en reste. Il faut qu’ils passent les tutti de l’orchestre et cependant ne pas forcer afin que le texte reste compréhensible.


Face à de tels défis, la patte de Dutoit est manifeste. Les cordes trouvent une douceur et des sonorités égales bien Françaises. Les cuivres et en particulier les trombones qui peuvent être un peu dominateurs dans certains répertoires, sont ici pleins d’une légèreté toute aérienne. Les tutti sont équilibrés et les bois soignés. Enfin, si certains chefs se satisfont dans la musique de Ravel du seul fait d’obtenir une mise en place solide et des équilibres soignés, Dutoit va plus loin en caractérisant la musique, en apportant une touche de personnalité supplémentaire qui va au-delà de la seule technique.


Son plateau est solide et il faut citer la Concepcion de Daniela Mack, qui trouve de belles couleurs et dont le français est impeccable, ainsi que les aigus et la ligne de chant de Kathleen Kim. Parmi les hommes, le Don Inigo de David Wilson-Johnson a beaucoup de relief et François Piolino est désopilant dans ses interventions, son accent franglais de théière étant plein d’humour et son Arithmétique complétement déjanté. Les interventions du Chœur du Grand Théâtre sont comme souvent très réussies, à la fois pudiques et sensibles.


Il manque cependant une chose à cette soirée qui est la scène. Si la variété de L’Enfant et les sortilèges marche bien en version de concert, L’Heure espagnole est une œuvre qui perd beaucoup et sans doute de nombreux mélomanes se souviennent avec émotion de ce que le duo Seiji Ozawa-Laurent Pelly nous avait donné à Paris il y a dix ans au Palais Garnier. Mais au final, voici une belle soirée qui honore l’OSR et qui aurait ravi Ansermet, grand défenseur de Ravel.


Charles Dutoit évoque la musique de Ravel



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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