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La belle du Pirée

Geneva
Grand Théâtre
10/14/2015 -  et 16, 18, 20, 21, 23, 24, 25 octobre 2015
Jacques Offenbach : La Belle Hélène
Véronique Gens (Hélène), Florian Cafiero (Pâris), Raúl Giménez (Ménélas), Marc Barrard (Agamemnon), Patrick Rocca (Calchas), Maria Fiselier (Oreste), Bruce Rankin (Achille), Fabrice Farina (Ajax Ier), Erlend Tvinnereim (Ajax II), Magali Duceau (Bacchis), Seraina Perrenoud (Parthénis), Fabienne Skarpetowski (Léoena), Thomas Matalou (Philocôme)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), L’Orchestre de Chambre de Genève, Alan Woodbridge (direction musicale)
Robert Sandoz (mise en scène), Bruno de Lavenère (scénographie), Anne-Laure Futin (costumes), Stéphane Gattoni, Simon Trottet (lumières), Étienne Guiol (mapping vidéo)


(© GTG / Carole Parodi)



Dans le port du Pirée suggéré par des conteneurs géants empilés les uns sur les autres et des ombres de grues, le metteur en scène suisse Robert Sandoz a convoqué une galerie de personnages plus loufoques et déjantés les uns que les autres, pour une nouvelle production de La Belle Hélène au Grand Théâtre de Genève : un roi Ménélas davantage intéressé par les bateaux que par sa femme, une Hélène frustrée et nymphomane, un Calchas qui lit les oracles en décapitant à tour de bras des poulets congelés, un Agamemnon se prenant pour Buffalo Bill, un « bouillant Achille » en chaise roulante, un Oreste en Conchita Wurst, un Ajax Ier en rappeur à casquette ou encore un Ajax II en Staline. Et bien entendu, les traits d’esprit et les bons mots ne manquent pas. Tout y passe ou presque, des difficultés actuelles de la Grèce au scandale VW. Robert Sandoz vient du théâtre et cela se voit, dans son souci de vouloir tout régler dans les moindres détails et de demander aux chanteurs d’être aussi des acteurs, avec des fortunes diverses il faut bien l’avouer. Malgré ce joyeux capharnaüm - qui enlève toute cohérence au spectacle - et une certaine lourdeur dans le propos, la représentation se laisse pleinement apprécier, vive et légère, drôle et caustique aussi. On ne s’ennuie à aucun moment, on rit très souvent de bon cœur, et le public ne s’en prive pas.


Même si elle ne fait pas d’étincelles, la distribution vocale est globalement de bon niveau. On retiendra surtout le Ménélas flegmatique de Raúl Giménez, qui a les yeux d’un enfant devant une maquette de voilier. Le célèbre ténor est étonnant dans le rôle : la voix accuse certes le passage des années, mais l’interprète semble occuper tout l’espace scénique, malgré un français quelque peu exotique. Patrick Rocca incarne un Calchas fort en gueule, alors que la jeune Maria Fiselier confère beaucoup de panache à Oreste. Malgré un chant un peu tendu (le trac de la première ?), Florian Cafiero a fière allure en Pâris. Véronique Gens fait d’une pierre du coup : elle débute au Grand Théâtre de Genève et chante son premier rôle comique, à contre-emploi de ses engagements habituels. Reine quelque peu sur la réserve, son « L’homme à la pomme, ô ciel ! » chanté devant l’orchestre, dans une parodie d’elle-même avec de grands gestes de tragédienne, bras levés au ciel, n’en constitue pas moins le grand moment de la soirée. La direction musicale aurait dû être assurée par Gérard Daguerre, célèbre arrangeur de la variété française, qui a complété la partition d’Offenbach par des rythmes jazzy et latinos, dont on peine cependant à saisir la valeur ajoutée. Mais l’arrangeur a préféré rester dans la fosse à son piano, et c’est finalement Alan Woodbridge, responsable du chœur du Grand Théâtre, qui a repris la baguette quasiment au pied levé. Dans ces conditions, le fait que le soir de la première, le spectacle se soit déroulé sans accroc relève presque de l’exploit. La production se bonifiera sans aucun doute au fil des représentations.



Claudio Poloni

 

 

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