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Un géant à Vevey

Montreux
Vevey (Salle del Castillo)
09/10/2015 -  et 6 octobre 2015 (Wien)
Franz Liszt: Après une lecture de Dante (Fantasia quasi sonata)
Robert Schumann: Fantaisie en ut majeur, opus 17
Igor Stravinsky: Trois Mouvements de Pétrouchka
Johannes Brahms: Variations sur un thème de Paganini, opus 35

Ivo Pogorelich (piano)


I. Pogorelich (© Yunus Durukan)


Depuis soixante-dix ans maintenant, le Septembre musical de Montreux-Vevey est le rendez-vous des mélomanes amateurs de grands orchestres (cette année le National de France, le National de Russie ou encore l’Orchestre français des Jeunes), mais aussi des amoureux de musique de chambre et de littérature pianistique. Pour son concert de clôture, à la salle del Castillo à Vevey, le festival a invité rien moins que le grand Ivo Pogorelich.


On le sait, un récital du pianiste croate est toujours un événement très attendu, car ses apparitions sur scène sont rares. On connaît par ailleurs son jeu très particulier, sa virtuosité, sa colossale puissance... ainsi que la célèbre anecdote: au concours Chopin de Varsovie en 1980, Martha Argerich quitta avec fracas le jury, qui avait décidé l’élimination du jeune prodige.


Le programme qu’il a choisi ce soir s’avère particulièrement conséquent et exigeant. En préambule, il donne Après une lecture de Dante de Liszt, pièce redoutable qui exige une technique particulièrement acrobatique, que le pianiste maîtrise bien sûr admirablement, et il en livre en même temps une interprétation hautement poétique. Il s’attaque ensuite à la grande Fantaisie en ut de Schumann, dont il offre une interprétation mémorable; tant dans l’ardeur de son premier mouvement (qui exige tant de contrastes dans les rythmes et la sonorité) que dans l’ostentation du mouvement médian, ou encore les sinuosités surnaturelles de la troisième partie, Pogorelich fait preuve d’immenses qualités à la fois artistiques et pianistiques.


Après l’entracte, il s’élance à corps perdu dans les Trois Mouvements de Pétrouchka de Stravinsky, dont il fait fi des nécessités techniques, tout en donnant vie à l’exubérance de cette incroyable partition. Viennent ensuite les rares Variations sur un thème de Paganini de Brahms, qui sont pour nous une découverte. Si le thème initial – celui du Vingt-quatrième Caprice pour violon seul – nous place en terrain connu, il n’en est pas de même des variations qui suivent, très différentes d’écriture, de ton et de caractère, souvent ébouriffantes de difficultés techniques. L’agilité du pianiste se double d’une magnifique délicatesse, donnant à chacune de ces variations un cachet singulier, tantôt moqueur, tantôt rageur, tantôt timide. Pogorelich y fait défiler avec goût une opulente imagerie de sentiments et d’affects.


Alors qu’il n’a pas donné de bis en récital depuis plus de cinq ans, la malédiction se rompt pour le chanceux public de Vevey, et Pogorelich lui offre tour à tour Islamey de Balakirev puis le Nocturne opus 62 n° 2 de Chopin. On se sent du coup doublement faire partie des happy few ce soir!



Emmanuel Andrieu

 

 

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