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Début de saison en fanfare

Vienna
Konzerthaus
09/18/2015 -  et 20* (Wien), 21 (Linz) septembre 2015
Joseph Haydn: Symphonie n° 44 «Trauer»
Richard Wagner: Wesendonck-Lieder (orchestration Felix Mottl)
Franz Schmidt: Symphonie n° 2

Elisabeth Kulman (soprano)
Orchestre Philharmonique de Vienne, Semyon Bychkov (direction)


E. Kulman (© Elisabeth Novy)


Début de saison au Konzerthaus – il était temps! Les mois d’été à Vienne sont invariablement envahis par des musiciens en perruques du XVIIIe siècle, débitant leurs programmes de pots-pourris aux troupeaux de touristes béats. Notons que ces faux Mozart costumés continuent de sévir dans les salles de la capitale durant une grande partie de l’année.


Pas de faux Mozart dans ce programme en revanche, mais un vrai Haydn qui s’épanouit avec naturel sous la direction de Semyon Bychkov. Le premier mouvement est cérémonieux, sans jamais surjouer la carte de la gravité. Le chef retient à l’occasion les cordes, pour mieux enrichir les couleurs des chatoiements de la petite harmonie ou pour révéler les éléments structurants de l’architecture (ff du développement, fugato de la coda). Le deuxième mouvement est tout autant admirable; on y découvre un enchevêtrement de voix secondaires, systématiquement gommé par des interprètes moins consciencieux. L’Adagio, qui a donné le sous-titre de «Funèbre» à cette Quarante-quatrième Symphonie, est miraculeux car en se maintenant à frontière entre impulsion et suspension, les musiciens parviennent à hyper-sensibiliser l’ouïe de l’auditeur et le rendent susceptible au moindre changement de phrasé. La symphonie se clôt dans un Presto enlevé, qui respecte cependant l’onctuosité des timbres des Philharmoniker.


Les lieder sur des poèmes de Mathilde Wesendonck donnent un aperçu du travail de Richard Wagner alors qu’il était aux prises avec son Tristan et Isolde. De fait, seul le dernier lied, «Träume», a été orchestré par le compositeur – l’original étant pour piano et voix féminine. En revanche, le cycle a inspiré de nombreux adaptateurs: Felix Mottl (pour un accompagnement orchestral), Hans Werner Henze (pour un ensemble de chambre), plus récemment Christophe Looten (pour quatuor et voix, dont nous avons récemment rendu compte) et de nombreux autres encore. La lecture de cette matinée offre un concentré d’émotion que nous n’avions pas décelé lors de la dernière écoute; il se passe un nombre incalculable de choses en peu de mesures. Elisabeth Kulman met en œuvre toute la diversité de son timbre et son vibrato pour une lecture hédoniste et subjective, chaleureusement applaudie par le public et les musiciens. Les solos d’orchestre, en particulier ceux du violoncelle (Robert Nagy), sont aussi de véritables pépites.


La seconde partie ne présente qu’une unique pièce, la Deuxième Symphonie de Franz Schmidt, guère jouée de nos jours en concert si ce n’est par Semyon Bychkov, grand défenseur de l’œuvre. On y ressent les influences de Brahms, parfois Schumann, mêlées aux couleurs tchèques et superposées au style de Reger. Cela fait un peu beaucoup, et ces 50 minutes de somptuosités rendent en fin de compte l’atmosphère irrespirable. Il était probablement humainement difficile de mieux jouer cette pièce, mais un effort de simplification plutôt que le choix de la surenchère aurait été le bienvenu.


Qu’importe, la saison a fort bien commencé!



Dimitri Finker

 

 

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