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Les voix illuminent Guillaume Tell

Geneva
Grand Théâtre
09/11/2015 -  et 13, 15*, 17, 19, 21 septembre 2015
Gioacchino Rossini : Guillaume Tell
Jean-François Lapointe (Guillaume Tell), Doris Lamprecht (Hedwige), Amelia Scicolone (Jemmy), Nadine Koutcher*/Saioa Hernández (Mathilde), John Osborn*/Enea Scala (Arnold), Alexander Milev (Walter Furst / Melcthal), Franco Pomponi (Gesler), Erlend Tvinnereim*/Jérémie Schütz (Rodolphe), Enea Scala*/Erlend Tvinnereim (Ruodi), Michel de Souza (Leuthold), Peter Baekeun Cho (Un chasseur)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Jesús López Cobos (direction musicale)
David Pountney (mise en scène), Robin Tebbutt (assistant à la mise en scène), Raimund Bauer (décors), Marie-Jeanne Lecca (costumes), Fabrice Kebour (lumières), Amir Hosseinpour (chorégraphie)


(© GTG / Magali Dougados)


Le Grand Théâtre de Genève vient d’ouvrir sa saison 2015-2016 avec Guillaume Tell, en français, comme il se doit aujourd’hui, et dans une version nettement raccourcie (trois heures de musique au lieu des cinq de la partition originale). L’histoire du héros suisse qui incite ses compatriotes à la résistance face aux occupants autrichiens, ne peut que trouver un écho favorable ici ; d’ailleurs, le Grand Théâtre n’avait-il pas été inauguré avec le trente-huitième et dernier ouvrage lyrique de Rossini en 1879 ?


La production présentée à Genève a été étrennée à Cardiff l’année dernière. Le metteur en scène David Pountney a choisi de se débarrasser de toute référence au folklore helvétique (les choristes, en costumes gris, portent tous néanmoins un élément traditionnel, comme pour marquer leur volonté de ne pas se soumettre à l’envahisseur) et situe l’intrigue dans un décor gris et sobre, constitué de panneaux vitrés qui représentent tour à tour une forêt, un glacier, des montagnes ou un lac. Les Autrichiens, parés, eux, d’armures et de casques de bêtes sauvages, s’acharnent sur les Helvètes. Plusieurs scènes de ballet – très réussies au demeurant – ponctuent la soirée, la dernière stylisant avec brio l’extrême violence des occupants. Si ce spectacle sombre et intemporel traduit bien le souffle épique qui traverse la partition, il pêche néanmoins par une absence de véritable direction d’acteurs, ce qui laisse les interprètes entièrement livrés à eux-mêmes, avec des fortunes diverses il faut bien le dire. Dommage.


Spécialiste de Rossini, Jesús López Cobos n’en dirige pas moins son premier Guillaume Tell. Si sa lecture est élégante, fine et nuancée, avec un sens évident des détails, elle manque pourtant de tension dramatique et de souffle. A noter que pour la célèbre « Ouverture », le violoncelliste Stephan Rieckhoff – magnifique – occupe le centre du plateau. La distribution vocale est de très haut niveau. Elle est dominée par le superbe Arnold de John Osborn au chant valeureux, lequel, dans un français impeccable, lance des aigus éclatants, toujours sûrs et justes. La Mathilde de Nadine Koutcher est une révélation : sa voix ample et claire ainsi que sa grande musicalité font merveille et confèrent à son personnage beaucoup de noblesse. Le baryton Jean-François Lapointe est quelque peu en retrait dans le rôle-titre. S’il donne humanité et générosité à Guillaume Tell grâce à son chant sobre et raffiné, on se demande néanmoins si le rôle est fait pour lui, tant les graves, presque inaudibles, le mettent à mal. Parmi les personnages secondaires, on citera le Gessler particulièrement noir et violent de Franco Pomponi, qui se déplace en fauteuil roulant, rendant le personnage encore plus froid et distant. A défaut d’être pleinement convaincant sur le plan scénique, ce spectacle offre de très beaux moments musicaux et vocaux, qui augurent bien de la nouvelle saison lyrique genevoise.



Claudio Poloni

 

 

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