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Parfum d’Espagne Annecy
Bellecombe-en-Bauges (Eglise)
08/12/2015 -
Anonyme : Con esperanzas espero – Tres ninas me dan enojo – De mis tormentos y enojos –¿Quién menoscaba mis bienes? – Ya no les pienso pedir – Pasacalle
Henry du Bailly : Yo soy la locura
Alvaro Torrente : Seguidilla de la venta – Zarabanda del catálogo – Jácara de la trena
Santiago de Murcia Impossibles
Juan Hidalgo : Crédito es mi decoro
Luis de Briceno : Si queréis que os enrame la puerta
Gaspar Sanz : Marionas
Ensemble La Galanía: Raquel Andueza (soprano), Alessandro Tampieri (violon), David Mayorali (percussions), Manuel Vilas (harpe), Pierre Pitzl (guitare baroque), Jesús Fernandez Baena (théorbe et direction)
Les muses et l’excellence musicale n’ont pas rendez-vous dans les seules grandes métropoles ou les villégiatures consacrées par l’intelligentsia parisienne. Musique et nature en Bauges, sous la houlette de la passion d’Anthime Leroy, le démontre avec éloquence depuis plus de quinze ans, et le cru 2015 en offre un nouvel exemple, qui ne se contente pas de mettre ses pas dans ceux des creusets plus prestigieux. Ainsi, l’ensemble La Galanía s’offre-t-il une tribune en France sur la scène de l’église de Bellecombe-en-Bauges, dans un programme baroque espagnol qu’il étrenne pour le festival savoyard.
Contrepoint à la fois pour la littérature du XVIIe siècle et des ruines de l’âge d’Or de l’empire de Charles Quint, le spicilège propose un voyage contrasté sur ces terres en fin de compte relativement méconnues – et l’on ne relève pas la proportion significative d’anonymes parmi le recueil élaboré. Pour autant la vérité linguistique ne se limite pas à la raison géographique, et la page inaugurale, Yo soy la locura, nous vient d’un Français, Henry du Bailly, qui place idéalement le récital à l’enseigne d’une thématique innervant généreusement l’inspiration de l’époque. Con esperanzas espero conduit vers les contrées de l’attente amoureuse, et la soprano Raquel Andueza en fait chanter admirablement les langueurs, témoignant d’une versatilité expressive idoine à ce panorama musical. Tres ninas me dan enojo prolonge l’affect intimiste avant la Seguidilla de la Venta, reconstitution d’Alvaro Torrente, qui dégage une ivresse rythmique communicative à l’ensemble des pupitres, du violon au théorbe et aux percussions.
R. Andueza
Santiago de Murcia et son Impossibles prélude à une séquence plus introvertie, avec De mis tormentos y enojos et un Juan Hidalgo aux chromatismes subtils – Crédito es de mi decoro. Si queréis que os enrame la puerta de Luis de Briceno forme vestibule à l’extravertie Zarabanda del catálogo à laquelle Torrente a redonné vie. On ne manquera pas d’apprécier le Marionas de Gaspar Sanz, tandis que ¿Quién menoscaba mis bienes? et Ya no les pienso pedir formulent une belle mélancolie teintée d’un peu d’onirisme, tout autant qu’une intéressante rencontre entre les plumes respectives de Cervantes et Calderón et le populaire, signe que les deux univers ne sont pas hermétiques. La Pasacalle fait valoir un instinct dynamique et un sens des modulations que la Jácara de la Trena complétée par Torrente, et plus encore l’«Entrée espagnole» du Ballet des Nations de Lully dans Le Bourgeois gentilhomme donnée en bis, confirmeront sans réserve. Ce voyage de près d’une heure trente, sans entracte, fera l’objet d’une gravure discographique, permettant au public mélomane de mieux connaître cette jeune formation dans un répertoire qu’elle maîtrise avec doigté. Autant dire qu’Anthime Leroy a eu la main heureuse de mettre à l’affiche ce parfum d’Hispanie.
Le site du festival Musique et nature en Bauges
Le site de Raquel Andueza
Le site de l’ensemble La Galanía
Gilles Charlassier
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