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Densité germanique

La Roque
Roussillon (Eglise)
08/18/2015 -  
Joseph Haydn : Quatuor n° 63 en ré majeur, opus 64 n° 5 «L’Alouette»
Dimitri Chostakovitch : Quatuor n° 8 en ut mineur, opus 110
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 9 en ut majeur, opus 59 n° 3

Quatuor Mandelring: Sebastian Schmidt, Nanette Schmidt (violons), Roland Glassl (alto), Bernhard Schmidt (violoncelle)


Le Quatuor Mandelring (© Uwe Arens)


Après la fluidité française des Zaïde la veille, mardi 18 août accueille la densité germanique des Mandelring en l’église de Roussillon, au cœur de ce pays des ocres qui a transformé avec succès les carrières en pittoresque touristique. Le programme que la formation allemande propose résume tout aussi bien les lignes éditoriales de ce cru anniversaire. L’idiome natal s’entend sans délai dans le Quatuor opus 64 n° 5 «L’Alouette». La sève mélodique singulière du mouvement initial ne se départit jamais d’une énergie serrée qui innerve l’ensemble de la pièce. Les sautes d’humour du compositeur viennois ne s’écartent guère du sérieux de la forme ni d’un sens de la construction jamais pris en défaut. L’Adagio, pas davantage que le Menuetto, ne le démentiront, et le Finale achève le portrait d’un Haydn artisan virtuose un rien sévère.


Le Huitième de Chostakovitch bénéficie de ce jeu robuste et concentré. L’urgence du propos ne verse jamais dans l’exhibitionnisme et pointe dès le Largo la maîtrise de la tension générale. Les deux mouvements vifs qui s’enchaînent préservent l’unité d’ensemble, par-delà le canevas de citations qui va jusqu’au corpus de l’auteur lui-même, et ce compromis ne se relâchera guère dans les deux Largo conclusifs. La vigueur des attaques ne s’embarrasse pas de sentimentalisme, ni d’apitoiement sur soi, et signale une lecture plus attentive à la perfection de la performance qu’aux ressacs mnésiques qui tissent l’œuvre. Ce sens de l’architecture, moins versé peut-être dans la sensibilité des détails que d’autres postures herméneutiques, confère au Neuvième Quatuor de Beethoven une puissance remarquable. L’Andante con moto annonce d’emblée la teneur globale, d’une économie expressive sans concessions qui retient la pudeur du deuxième mouvement. Après un Menuetto à la juste nervosité, la fugue finale éblouit par sa conduite effrénée qui ne laisse aucune note en route. En bis, l’Andante de l’Opus 44 n° 1 de Mendelssohn contraste sans doute par la douceur de ses lignes, quand bien même l’allant avec lequel il est donné prolonge avec naturel l’idiosyncrasie de la soirée.


L’on ne saurait achever notre reportage sans faire mention de l’implication du festival dans le répertoire d’aujourd’hui, sinon la création contemporaine. Le Quatuor «Ainsi la nuit» de Dutilleux, sous les doigts des Rosamonde le 27 août, rappelle que la seconde moitié du vingtième siècle a su inscrire des chefs-d’œuvre au répertoire du quatuor – le concert est par ailleurs précédé d’une projection du film de Vincent Bataillon autour de la pièce, des musiciens et du compositeur – tandis que les Béla feront entendre le 19 une page de Bruno Ducol, avant une création de Frédéric Pattar le 21. N’oublions pas également le partenariat engagé cette année avec ProQuartet, qui confirme un intérêt pour les jeunes formations, parachevant ainsi une programmation balayant l’ensemble du spectre de l’univers du quatuor.



Gilles Charlassier

 

 

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