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A la recherche de Schumann La Roque Parc du château de Florans 08/03/2015 - Robert Schumann : Introduction et Allegro appassionato, opus 92 – Concerto pour piano, opus 54 – Allegro de concert avec Introduction, opus 134 – Symphonie n° 1 «Frühlingssinfonie», opus 38 Jan Lisiecki (piano)
Sinfonia Varsovia, Robert Trevino (direction)
R. Trevino, J. Lisiecki (© Christophe Grémiot)
Tel l’arbre qui cache la forêt schumannienne, le Concerto (1845) a quasiment éclipsé tout le reste de son œuvre pour piano et orchestre – au disque il est d’ailleurs souvent couplé à un autre «la mineur, celui de Grieg. Pourtant, sans aller jusqu’à l’intégrale plus qu’exhaustive enregistrée par Lev Vinocour à l’occasion du bicentenaire du compositeur (voir ici), au moins deux partitions, sans doute aussi desservies par leur titre passablement rébarbatif qui n’incite pas à la curiosité, méritent davantage de considération: Introduction et Allegro appassionato (1849), sous-titré Concertstück, et Allegro de concert avec Introduction (1853). Postérieures au Concerto, qui ne fut lui-même d’abord qu’une Fantaisie complétée quatre ans plus tard par deux mouvements, elles n’ont pas abouti, quant à elles, à une construction en bonne et due forme en trois mouvements et semblent soucieuses de valoriser plus ouvertement la virtuosité du soliste.
De ce point de vue, Jan Lisiecki (né en 1995) n’a rien à craindre et c’est avec une impressionnante autorité qu’il donne les trois œuvres dans la même soirée. Ses moyens techniques semblent sans limites et il les met notamment à profit pour varier considérablement son jeu. Est-ce toujours à bon escient? Il est difficile de savoir où il veut en venir tant, à force de trop solliciter le texte, il court le risque, particulièrement dans le Concerto, de manquer de cohérence, confondant vitesse et précipitation, fougue et fébrilité, puissance et sécheresse. On pourra cependant le créditer d’un souci constant de dialoguer avec l’orchestre: d’ascendance polonaise, il connaît le Sinfonia Varsovia, avec lequel il a enregistré les deux Concertos de Chopin – il n’avait alors que treize ans. Le confort de l’accompagnement s’est d’ailleurs quelque peu amélioré par rapport à la veille dans Ravel: si certaines interventions individuelles demeurent problématiques, l’équilibre entre les pupitres apparaît nettement plus satisfaisant – les cors, par exemple, sont rentrés dans le rang.
C’est le cas même dans la Première Symphonie «Le Printemps» (1841), alors qu’ils sont de nouveau au nombre de quatre. Malgré un chef volontiers martial, prodigue en effets de manche, un peu éteint dans le Larghetto et grossièrement irrespectueux de l’indication attacca entre ce mouvement et le Scherzo, malgré une qualité instrumentale encore trop souvent sujette à caution – laideur des bois, approximations des cuivres, faiblesse des cordes –, on y croit néanmoins, car l’élan, la vigueur et l’envie de jouer ne font pas défaut et c’est donc la meilleure contribution de la formation varsovienne au cours de ses deux premiers concerts à La Roque d’Anthéron. Les liens quasi familiaux entre Schumann et Brahms n’excusent toutefois pas un bis complètement hors sujet, une Cinquième Danse hongroise (1869) jouée, qui plus est, avec de gros sabots.
Le site de Jan Lisiecki
Simon Corley
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