About us / Contact

The Classical Music Network

Verbier

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Concert hongrois

Verbier
Salle des Combins
08/02/2015 -  
Franz Liszt : Concerto pour piano n° 2
Béla Bartók : A kékszakállú herceg vára, opus 11, sz 48

Khatia Buniatishvili (piano), Ildikó Komlósi (Judith), Matthias Goerne (Barbe-Bleue), Marthe Keller (récitante)
Verbier Festival Orchestra, Charles Dutoit (direction)


C. Dutoit (© Aline Paley)


Programme hongrois pour le dernier concert d’un vingt-deuxième festival de Verbier qui, malgré la conjoncture économique difficile et la récente grimpette du franc suisse, à réussi cet été à équilibrer son budget. 41 000 visiteurs sans compter les milliers d’auditeurs virtuels grâce aux retransmissions de medici.tv, c’est un franc succès! La prochaine édition sera un peu décalée dans l’été et aura lieu du 22 juillet au 7 août 2016.


Apparier Liszt et Bartók une bonne idée de programmation mais face au chef-d’œuvre absolu qu’est l’unique opéra de Bartók Le Château de Barbe-Bleue, idéal avec son action toute dans le symbolique, pour une version de concert, le Second Concerto de Liszt fait un peu pâle figure. Certes, inviter Khatia Buniatishvili, dont la virtuosité pianistique est sans faille et qui est, avec son très grand charisme scénique et son élégance «haute couture», une des interprètes favorites du public de Verbier, ne pouvait être un meilleur choix. Elle n’a fait qu’une bouchée de toute la pyrotechnie lisztienne et, en dépit de l’accompagnement brutal et militaire de Charles Dutoit à la tête d’un orchestre hypertrophié, compte tenu de la modestie de la partition originale, et très enthousiaste, et du fait qu’après plusieurs expériences on reste convaincu que cette salle des Combins n’est pas appropriée pour les concertos pour piano, elle a tiré le plus de musicalité possible de cette œuvre. La mazurka de Chopin jouée comme bis permettait d’apprécier d’avantage la belle sonorité et la grande tenue du discours musical de la pianiste géorgienne.


C’est à Marthe Keller qu’est échu le privilège de lire la courte et efficace introduction de Béla Balázs au Château de Barbe-Bleue, ce qu’elle a fait avec beaucoup de charme. On avait réuni un magnifique couple pour incarner les deux personnages d’un «opéra» dont les deux protagonistes ne dialoguent quasiment pas. Le mezzo-soprano hongrois Ildikó Komlósi, interprète renommée du rôle de Judith, a ébloui par le contrôle toujours parfait d’une grande voix aux couleurs sombres et à la tenue impeccable. Elle a parfaitement incarné et sans aucun excès les multiples facettes de ce personnage complexe. Bien que cela n’ait pas été annoncé, Matthias Goerne, qui avait étonné quatre jours auparavant par sa forme vocale exceptionnelle dans un récital Schumann, semblait souffrir d’un problème vocal contre lequel il luttait pour le mieux. Conséquence positive sur son penchant pour l’excès d’expressionnisme, il abordait le rôle de Barbe-Bleue de façon moins démonstrative qu’habituellement avec un contrôle parfait du hongrois, qui n’est pas sa langue maternelle. Malheureusement, on perdait beaucoup de la projection dans une si grande salle et ses notes les plus graves étaient difficilement timbrées. Il n’en demeure pas moins, ses incursions dans l’opéra étant si rare, que ce rôle de Barbe-Bleue, même s’il n’est pas exactement taillé pour sa tessiture, restera, avec le Wozzeck de ses débuts, une formidable incarnation scénique dans la carrière du baryton allemand.


Encore plus surdimensionné que pour le concerto de Liszt, l’Orchestre du festival a su donner de belles couleurs à la riche partition de Bartók mais Charles Dutoit ne s’est pas toujours privé de son péché mignon qui est de faire jouer trop fort dans les moindres tutti aux dépens de l’équilibre de l’œuvre.



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com