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L’heure, c’est l’heure Brive Uzerche (Abbatiale Saint-Pierre) 07/29/2015 - Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor avec flûte n° 3, K. 285b (*) – Quintette avec clarinette, K. 581 Philippe Bernold (flûte), Amaury Viduvier (clarinette), Hector Burgan (*), Shuichi Okada (violon), Arianna Smith (alto), Caroline Sypniewski (violoncelle)
Pour sa trente-cinquième édition, jusqu’au 21 août, le festival de la Vézère reste solidement ancré sur ses bases, au château du Saillant et dans les communes alentour, avec une affiche réunissant, comme de coutume, de beaux talents (Nicholas Angelich, Gilles Apap, Patrick Ayrton, Miroslav Kultyshev, le Duo Jatekok, le quintette Quai n° 5...) et, bien sûr, l’incontournable week-end lyrique avec la troupe britannique Diva Opera. Mais la manifestation corrézienne s’efforce aussi de diversifier son offre et son public: le jazz fait son entrée avec Paul Lay improvisant sur la projection de Sherlock Junior de Buster Keaton, Diva Opera fait visiter ses coulisses, un spectacle (Casse-Noisette), précédé d’un atelier de dessin sur sable, est plus particulièrement destiné aux plus jeunes, et trois programmes «Une heure avec...» proposent un nouveau format de concert, bref et accessible, y compris quant à son tarif (12 euros)
P. Bernold
Ces trois programmes sont confiés à Philippe Bernold et à quelques-uns des élèves, français ou étrangers, de sa classe de musique de chambre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Après une fin d’après-midi autour de Marc Chagall à la chapelle du Saillant (décorée par le peintre russe) et avant Beethoven en l’église de Saint-Ybard, c’est l’abbatiale Saint-Pierre (XIe-XIIe) d’Uzerche qui accueille «Une heure avec Mozart». A en juger par l’affluence dans l’imposante église de la «perle du Limousin», cette formule rencontre un indéniable succès et le flûtiste fait bien de présenter les œuvres aux spectateurs en quelques mots simples, chaleureux et non dénués d’humour, même si, indiquant que le Quintette avec clarinette a été écrit en même temps que La Flûte enchantée, il fait sans doute une confusion avec le Concerto pour clarinette.
Sans la réverbération excessive qui caractérise souvent les édifices religieux, l’acoustique privilégie cependant nettement les bois, tandis que les cordes tendent à se noyer dans un halo lointain et confus derrière lequel on croit parfois percevoir quelques problèmes d’intonation et de légers décalages. Cela étant, le Troisième Quatuor avec flûte (1777), mené par Bernold lui-même, possède toute l’amabilité et la galanterie requises, et même du panache dans la dernière variation.
Se concluant également sur un thème varié, le Quintette avec clarinette (1789) bénéficie du concours d’Amaury Viduvier: à entendre sa technique impeccable et son phrasé soigné, on comprend sans peine que le jeune clarinettiste, membre de l’Orchestre de la Garde républicaine depuis 2013, commence à se faire un nom dans les lieux qui comptent, comme le concours Debussy, où il a obtenu un deuxième prix en 2014, et le festival de Deauville, où il s’est produit ces deux dernières années. Et quand on commence à se dire que l’interprétation est vraiment trop prudente, manquant plus de caractère que d’application, mais que certaines raisons pouvaient toutefois plaider en faveur d’une telle prudence, il emmène ses partenaires dans un Menuet au tempo inhabituellement vif, contrastant avec les deux Trios intercalaires, de même qu’à partir de la quatrième variation du dernier mouvement, il oppose fortement l’Adagio à l’Allegretto et à l’Allegro qui l’encadrent.
Une heure, c’est peu, et chacun aurait donc aimé en entendre un petit peu plus, mais «Une heure avec...», c’est une heure, pas davantage, et les artistes prennent donc congé sans offrir de bis.
Le site du festival de la Vézère
Le site de Philippe Bernold
Simon Corley
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