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Virtuosité vocale et instrumentale Saintes Saint-Bris-des-Bois (Abbaye de Fontdouce) 07/27/2015 - Gioacchino Rossini : Beltà crudele – Les Soirées musicales: «Il resentimento» – La Légende de Marguerite – Nizza – Canzonetta spagnuola – Giovanna d’Arco – Il barbiere di Siviglia: «Una voce poco fa» – L’Italiana in Algeri: «Cruda sorte! Amor tirano» – Semiramide: «Bel raggio lusinghier» – La donna del lago: «Tanti affetti in tal momento»
Franz Liszt : Grande Fantaisie pour le piano sur des motifs des «Soirées musicales» de Rossini
Grigory Ginzburg : Fantaisie sur un thème du «Barbier de Séville» Karine Deshayes (mezzo), Dominique Plancade (piano)
K. Deshayes
Contraste total, dans la salle des moines de l’abbaye de Fontdouce, après le programme sérieux – mais si peu austère – donné en fin d’après-midi par Cédric Pescia, avec une soirée dédiée à la virtuosité vocale de Rossini et à la virtuosité instrumentale qu’il a inspirée.
La tonalité du programme n’est cependant pas exclusivement brillante ou légère, tant s’en faut, Karine Deshayes présentant successivement des mélodies sentimentales en italien – Beltà crudele, «Il resentimento» (extrait des Soirées musicales) –, en français – La Légende de Marguerite (adaptation d’un air de Cendrillon), Nizza – et en espagnol – Canzonetta spagnuola –, puis une cantate dramatique – Jeanne d’Arc – et des airs tirés de quatre opéras se rattachant à divers genres (Le Barbier de Séville, L’Italienne à Alger, Sémiramis, La Dame du lac).
La cantatrice est ici dans son répertoire de prédilection: une fois que la voix a pris ses marques, elle impose son beau et vrai mezzo, au timbre homogène, qui n’est mis en difficulté que dans les extrêmes d’une très large tessiture, et elle phrase et vocalise avec assurance, la justesse et le style n’étant jamais pris en défaut. La fatigue se fait toutefois quelque peu sentir en fin de récital, où elle remercie le public avec une page qu’elle qualifie elle-même de «plus calme», le célèbre air d’Almirena «Lascia ch’io pianga» extrait de Rinaldo (1711) de Haendel.
Accompagnateur dynamique et engagé, Dominique Plancade est aussi celui auquel échoit la redoutable tâche de donner deux exemples de pièces de bravoure se fondant sur des musiques de Rossini – mais la tâche ne saurait effrayer le pianiste français, qui s’était attaqué en public en 2008 à la transcription de la Quatrième Symphonie de Beethoven par Liszt. C’est à Liszt, justement, qu’on doit la Grande Fantaisie pour le piano sur des motifs des «Soirées musicales» de Rossini (1836/1840), en l’occurrence «La serenata» et «L’orgia»: Plancade parvient à en dominer les difficultés techniques, mais il n’est cependant pas parvenu à relever un défi sans doute encore plus grand, à savoir rendre intéressante une pièce que les musiciens qualifieront sans doute volontiers de «saucisson». La Fantaisie sur un thème du «Barbier de Séville» de Grigory Ginzburg (1904-1961), en fait une paraphrase de l’air de Figaro au premier acte («Largo al factotum»), se révèle beaucoup plus valorisante, même si l’interprète ne parvient pas à y mettre le feu comme le fait par exemple un Denis Matsuev, dont elle est de longue date un des bis favoris.
Le site de Karine Deshayes
Simon Corley
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