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Création chorale

Aix-en-Provence
Théâtre du Jeu de paume
07/03/2015 -  et 5, 9*, 10, 11, 13, 14, 16 juillet 2015
Ana Sokolovic : Svadba
Florie Valiquette (Milica), Liesbeth Devos (Danica), Jennifer Davis (Lena), Pauline Sikirdji (Zora), Andrea Ludwig (Nada), Mireille Lebel (Ljubica)
Dáirine Ní Mheadhra (direction musicale)
Ted Huffman, Zack Winokur (mise en scène), Samal Blak (décors et costumes), Sven Ortel (vidéo), Marcus Doshi (lumières), Antonio Cuenca Ruíz (dramaturgie et assistant à la mise en scène)


(© Bernard Coutant)


Sans s’arrêter à une cartographie linguistique exhaustive de l’opéra, on ne peut que constater l’extrême rareté du serbe dans le répertoire. A ce titre, il convient de saluer l’initiative du festival d’Aix-en-Provence d’avoir poussé jusqu’aux Balkans son exploration de la diversité du monde méditerranéen dans lequel il engage son ancrage depuis plusieurs années. Le format de la création commandée à Ana Sokolovic (née en 1968) par le Queen of Puddings Music Theater de Toronto, grâce à l’entremise de Dáirine Ní Mheadhra et John Hess pour le Berkeley Street Theater où elle a été donnée en première mondiale en 2011, en profite également pour renouveler les codes usuels et revenir à la primauté vocale du genre, avec une économie absolue de tout accompagnement instrumental. Avec six solistes coordonnées par Dáirine Ní Mheadhra, Svadba fait coïncider les condensations expressives et budgétaires – et même temporelles, à en juger par la durée de l’ouvrage, soit cinquante-cinq minutes.


Plutôt qu’une continuité narrative qui pourrait verser dans l’artifice, la dramaturgie d’ensemble privilégie une évocation par tableaux choraux dont l’adjacence fait office de fil conducteur. Eminemment programmatique – le titre signifiant «mariage» –, la pièce décrit les jeux de six jeunes filles à la veille des épousailles de l’une d’entre elles, Milica. Imbibée d’une écriture épurée, la partition met en valeur la nudité des voix, à l’image de celle des sentiments. Tout au long de cette ultime soirée de liberté féminine, les protagonistes revivent en simulacre les étapes vers l’union maritale, et esquissent les figures d’une union pas toujours consentie. Sous l’apparente légèreté de la fête affleure tout un horizon mental et social, où le présent n’a pas encore perdu la mémoire d’un passé parfois délicat. Le spectateur se laisse porter par la mélodie yougoslave du babil poétique, portée à son acmé dans une scène finale d’adieux d’une remarquable intensité.


Sur le plateau du Théâtre du Jeu de paume, Ted Huffman, ancien pensionnaire de l’Académie du festival, a réglé, avec Zack Winokur, un spectacle dépouillé, au diapason de la partie musicale, où domine le noir intemporel un rien brut des décors de Samal Blak, dont la patine est rehaussée par les lumières de Marcus Doshi. Autour de la Milica incarnée par Florie Valiquette, également passée par l’Académie aixoise, à l’instar de la Danica de Liesbeth Devos – signe d’une continuité établie avec la nouvelle génération – gravitent Lena, Zora, Nada et Ljubica, respectivement dévolues à Jennifer Davis, Pauline Sikirdji, Andrea Ludwig et Mireille Lebel, qui nourrissent entre elles une complicité perceptible. Fruit d’une collaboration extensive avec les maisons d’Angers et Nantes, Luxembourg, Ljubljana, d’Ars Musica et Sarajevo Winter, cette nouvelle production sera reprise en juin prochain sur les rives de la Maine et de la Loire.


Le site d’A. Sokolovic


L’intégralité du spectacle sur le site arte.tv:






Gilles Charlassier

 

 

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