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Figures sacrées

Saintes
Abbaye aux Dames
07/14/2015 -  et 16* juillet 2015
14 juillet
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur, BWV 232
Dorothee Mields (soprano), Margot Oetzinger (mezzo), Damien Guillon (alto), Thomas Hobbs (ténor), Peter Kooy (basse)
Collegium Vocale Gent, Philippe Herreweghe (direction musicale)




Figure incontournable du festival de Saintes qu’il a fondé et dirigé pendant vingt ans, sous le titre d’Académies musicales, Philippe Herreweghe n’a pas sacrifié son répertoire fondamental sur l’autel de ses explorations récentes. Il le démontre en reprenant la Messe en si de Bach, événement de cette édition 2015 qui ne pouvait manquer la captation et la transmission en direct par Radio Classique – et infléchit heureusement la célébration de ce 14-Juillet.


A la tête du Collegium vocale de Gand, l’humanité qui pétrit sa lecture affleure avec évidence dès le Kyrie eleison. Plutôt qu’une verticalité mystique comme harmonique, l’accent est mis sur les couleurs et les textures, où s’équilibrent les tessitures sans qu’aucune ne prenne l’ascendant, libérant ainsi la lisibilité et la chaleur des voix médianes. Cette palette expressive se retrouve dans le Gloria, où, de la même manière, elle sacrifie çà et là l’éclat des cuivres, dont les scories s’élimineront au fil de l’ouvrage. Ainsi pourrait-on éventuellement espérer un frisson supplémentaire, sinon une ivresse, dans la fugue du Cum Sancto Spiritu. On appréciera la narrativité du Credo, la luminosité du Sanctus, la tendresse du Benedictus, ou encore l’intimité de l’Agnus Dei, où se distingue la retenue d’un Damien Guillon dans l’imploration du pécheur: son intensité évite autant l’ostentation que l’altération de la ligne de chant.



P. Herreweghe (© Michel Garnier)


Sans renoncer au contraste entre les épisodes de la liturgie, la direction révèle une attention à en manifester la continuité d’un élan intérieur, dont la ferveur sait faire l’économie de quelque inaccessible transcendance. A cette aune, se justifie pleinement l’intégration des solistes au sein des chœurs, signe évident de la fraternité humaine et religieuse sous lequel Philippe Herreweghe place son interprétation. La pureté de la soprano Dorothee Mields s’allie efficacement avec la mezzo Margot Oetzinger, idiomatique sans excès. On reconnaîtra sans peine le métier accompli de Peter Kooy, basse qui n’a nul besoin de forcer l’émission pour faire rayonner une présence miséricordieuse, tandis que la fragilité du ténor Thomas Hobbs respire la sincérité.


16 juillet
Johann Sebastian Bach: Cantates «Herr, gehe nicht ins Gericht», BWV 105, & «Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen», BWV 12
Dorothee Mields (soprano), Damien Guillon (alto), Thomas Hobbs (ténor), Peter Kooy (basse)
Collegium Vocale Gent, Skip Sempé (direction)



Le Collegium vocale de Gand (© Michel Garnier)


A l’exception de la mezzo-soprano, l’ensemble de la distribution, ainsi que la formation gantoise, reviennent deux jours plus tard dans un programme de cantates de Bach, sous la battue de Skip Sempé. Un pont s’établit d’ailleurs entre les deux concerts: le choral d’entrée de la BWV 12 «Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen», constitue la version princeps de ce qui deviendra quatre décennies plus tard, le Crucifixus de la Messe en si. Livrée ici avec un dépouillement admirable que l’on retrouvera en bis, la pièce offre une tribune à trois des quatre solistes, où s’illustre la logique symbolique du Cantor de Leipzig, que chacun assume remarquablement: l’humilité de l’alto dans «Kreuz und Krone», suspendue au dialogue de Damien Guillon avec le hautbois, l’assurance de la foi par la basse («Ich folge Christo nach»), et sa vulnérabilité toute humaine avec le ténor – «Sei treu». Outre l’excellence du travail des chœurs, la BWV 105 confirme également la sensibilité de Dorothee Mields, avec l’air «Wie zittern und wanken». L’office de 13 heures s’achève par un hommage à Gustav Leonhardt, de qui Skip Sempé confie avoir immensément appris, au travers du choral final de la Passion selon saint Jean, joué lors des funérailles du musicien, réservant ainsi au public de Saintes cette émotion singulière.



Gilles Charlassier

 

 

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