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René Koering, incontournable Montpellier Le Corum 07/19/2015 - Claude Debussy: Pelléas et Mélisande: Suite (réalisation René Koering)
René Koering: Concerto pour piano «Sprachgitter Ephrem» (création)
Richard Wagner: Parsifal: Prélude et Enchantement du Vendredi Saint
Franz Liszt: Mazeppa Yuri Favorin (piano)
Orchestre national de France, Alexander Vedernikov (direction)
A. Vedernikov (© Marco Borggreve)
Qui dit festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon dit gratuité, raretés et René Koering. Lors du festival, il s’avère presque impossible de ne pas l’apercevoir au moins une fois au Corum. L’ancien directeur du festival bénéficie d’une telle notoriété, du moins dans la région, que le programme de ce concert qui lui consacre sa première partie ne comporte même pas de biographie à son sujet, mais l’auteur du texte tisse quand même un portrait de lui en filigrane dans la présentation des œuvres.
Le compositeur a tiré une suite de Pelléas et Mélisande (1902) de Debussy sans respecter l’ordre chronologique des scènes afin de lui conférer l’aspect et l’esprit d’un poème symphonique. Il a en outre prévu deux orchestrations, l’une pour une formation de taille réduite, l’autre pour un orchestre respectant l’effectif originellement prévu. Pourquoi réinventer la roue et réaliser ce que Marius Constant et Erich Leinsdorf ont déjà accompli ? L’apport de René Koering demeure, sur ce point, ténu, respectant l’âme et la tonalité de l’opéra. L’exécution de l’Orchestre national de France, dirigé par Alexander Vedernikov, révèle de bois engageants et des cordes unies, le dessin harmonique manquant, cependant, de netteté.
En raison d’une tendinite, Boris Berezovsky a dû déclarer forfait, la création du Concerto pour piano «Sprachgitter Ephrem» revenant dès lors, à Yuri Favorin, qui apparaît sur scène sans ses lunettes à grosse monture qui le font ressembler à Chostakovitch. En un seul mouvement, cet ouvrage d’un peu moins d’une demi-heure réserve une partie importante au soliste, qui joue régulièrement à découvert. Compacte et impersonnelle, négligeant le potentiel des cordes, l’orchestration séduit modérément mais ménage le pianiste, qui ne doit pas trop souvent décupler la puissance de son jeu pour émerger de la masse sonore.
La partition nécessite la présence, dans les coulisses, d’un second piano qui dialogue selon le principe de l’antiphonie, ce qui complique, du reste, la logistique dans le cas d’une éventuelle reprise. La cohérence de cet ouvrage profus et disparate, empruntant son sous-titre à un recueil de poèmes de Paul Celan, paraît malaisée à cerner, même si la lecture du programme permet d’en comprendre un peu mieux le sens. Les interprètes s’efforcent d’en structurer la forme et d’en exprimer le fond.
Dans le Prélude et l’«Enchantement du Vendredi Saint» de Parsifal (1882) de Wagner, Vedernikov adopte une allure mesurée sans habiter le propos, la musique n’engendrant pas le sentiment de sérénité et de spiritualité attendu. Le chef réussit la conclusion de Mazeppa (1854) de Liszt, vigoureuse et spectaculaire, et dans une moindre mesure le début, parcouru d’un véritable souffle épique, mais il peine à unifier les tempi dans la partie médiane, ce qui provoque de fâcheuses baisses de tension. L’orchestre se montre, en tout cas, digne de son rang.
Le site de Yuri Favorin
Le site de l’Orchestre national de France
Sébastien Foucart
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