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Un rituel trop dilué dans l’espace

Avignon
Cloître des Carmes
07/16/2015 -  et 17, 18, 19*, 21, 22, 23 juillet 2015
Le Bal du Cercle (création)
Fatou Cissé (conception, chorégraphie et mise en espace), Jean-Christophe Laquetin (scénographie), Mor Ndoye Ndiaye (création musicale), Georges Lavaudant (lumières), Madelein Sylla (costumes)
Fatou Cissé, Bamba Diagne, Alicia Gomis, Salamata Kobré, Rose Mendy, Mariam Traoré (danseurs)


(© Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)


Avignon regorge de lieux magiques. Le Cloître des Carmes du XIIIe siècle, seul vestige du couvent des carmélites déchaussées d’Avignon, en est un et historiquement le premier lieu de décentralisation des spectacles du festival, même si l’énorme dispositif de gradins étouffe littéralement la poésie du lieu. La grande scène qui lui fait face est certainement idéale, malgré l’absence de vraies coulisses et de rideau, pour une représentation théâtrale. Elle était surdimensionnée pour accueillir Le Bal du Cercle, création de la chorégraphe Fatou Cissé pour ce festival 2015.


La fille du chorégraphe sénégalais Ousmana Noël Cissé, ex directeur du Ballet national de Dakar, avait en 2012 séduit avec Regarde-moi encore..., une pièce qui brocardait avec humour les gestes du quotidien de la femme africaine. Le Bal du Cercle se réfère au tanebeer (bal de nuit en wolof), pratique festive ancestrale réservée aux femmes de la société des quartiers populaires au Sénégal, aujourd’hui dans le contexte de répression vestimentaire étroitement surveillée et quasi clandestine. Il convoque cinq femmes et un homme (vite travesti et maquillé) et une foule incroyable de vêtements colorés, chapeaux, chaussures, accessoires, installés sur des porte-habits qui meublent pauvrement la grande scène. La danse est frénétique (Fatou Cissé utilise ici en le déstructurant le sabar avec un jeu de bras et de jambes très ouvert), la musique percussive, envoûtante mais la dilution de l’ensemble sur ce vaste espace oblige le spectateur à disperser son regard, et son attention, en mille éclats qui engendrent vite l’ennui, avant même que ne s’écoule une heure, pourtant un calibrage soft pour un spectacle de danse.


On admire la virtuosité, notamment pour échanger à grande vitesse costumes et parures dans ce gigantesque jeu de rôles en forme de défilé de mode, la majesté des corps dans la danse et la charge sensuelle qui s’en dégage, le rythme frénétique maintenu à un niveau énergétique bluffant mais ce bal peine à dépasser le simple divertissement. Non que tout spectacle chorégraphique doive donner à réfléchir, il a le droit de raconter seulement, mais dans ce cas, il manque son but et on ressort l’esprit bien vide et toute cette agitation est sitôt oubliée.



Olivier Brunel

 

 

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