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En attendant une version scénique

Montpellier
Le Corum
07/18/2015 -  
Jacques Offenbach: Fantasio (version de Paris)
Marianne Crebassa (Fantasio), Jean-Sébastien Bou (Le Prince de Mantoue), Omo Bello (Elsbeth), Michal Partyka (Sparck), Renaud Delaigue (Le Roi de Bavière), Loïc Félix (Marinoni), Marie Lenormand (Flamel), Enguerrand de Hys (Facio), Rémy Mathieu (Max), Jean-Gabriel Saint-Martin (Hartmann), Gundars Dzilums (Un pénitent), Hervé Martin (Un monsieur qui passe), Julie Depardieu (récitante)
Chœur de la Radio lettone, Sigvards Klava (chef de chœur), Chœur de l’Opéra national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Noëlle Gény (chef de chœur), Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Friedemann Layer (direction)


O. Bello, M. Crebassa, F. Layer


Emblématique du festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon, la présence d’œuvres rares ou inédites au programme constitue toujours une excellente raison pour retourner dans la préfecture, malgré la chaleur qui s’y abat en été. Exécuté en version de concert six jours avant La Jacquerie de Lalo achevé par Arthur Coquard (le 24 juillet), Fantasio (1872) d’Offenbach illustre de nouveau l’inestimable savoir-faire de ce compositeur qui a légué à la postérité une impressionnante quantité d’œuvres, beaucoup encore méconnues ou inconnues, comme le rappelle, avec son enthousiasme coutumier, Jean-Christophe Keck dans son texte de présentation.


Ce dernier a établi une édition critique de cet opéra-comique en trois actes d’après la pièce éponyme d’Alfred de Musset, le frère de l’écrivain ayant rédigé le livret avec Charles Nuttier. La version retenue est la deuxième, créée, sans succès, à l’Opéra-Comique en 1872, avec une mezzo-soprano dans le rôle-titre, originellement conçu pour un ténor. Le programme omet de préciser qu’il existe quelques enregistrements de ce «chaînon manquant entre "Les Fées du Rhin" et "Les Contes d’Hoffmann"», dont un récemment paru chez Opera Rara et qui recourt, justement, à l’édition Keck.


Employer une récitante à la place des dialogues est une fausse bonne idée: malgré la narration appliquée de Julie Depardieu, cette option brise la continuité dramatique, un comble compte tenu du sens du théâtre du compositeur, à telle enseigne que le potentiel dramaturgique de l’opéra ne paraît pas évident sur le seul constat de cette soirée. De surcroît, Friedemann Layer, à la tête d’un Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon attentif, manque de verve, de souffle, de poésie, mais le chef, qui se produit régulièrement au festival, clarifie la structure et nuance la dynamique, de sorte que l’exécution rend justice à l’orchestration du compositeur, fine, nette, transparente. L’œuvre comporte peu de thèmes mémorables, en tout cas susceptibles d’être entonnés dans sa salle de bain, mais l’inspiration demeure relativement constante et élevée, la patte d’Offenbach se reconnaissant d’emblée. Mais qu’aurait fait, à la place, un Marc Minkowski?


Dans le rôle-titre, créé par Célestine Galli-Marié (la première Carmen), Marianne Crebassa, enfant du pays née à Béziers et formée à Montpellier, déploie une voix de mezzo-soprano ample, charnue et vibrante, et veille à la beauté de la ligne de chant et à l’intonation, moins à la diction, aux consonnes floues. Omo Bello incarne, quant à elle, une Elsbeth charmante. Formée à Paris, cette soprano nigériane au timbre avenant possède une technique éprouvée, comme l’attestent l’agilité des vocalises et l’assurance des aigus.


Du côté des hommes, Jean-Sébastien Bou confère du caractère au Prince de Mantoue, le baryton peaufinant le phrasé et la prononciation, point faible du Sparck de Michal Partyka, qui chante avec un accent prononcé. Loïc Félix en Marinoni entache, quant à lui, son chant d’irrégularités, en particulier en termes d’intonation, ce qui ne compromet pas la tenue stylistique de sa prestation, tandis que Renaud Delaigue a une idée du style, la prosodie, élaborée, et le port, altier, approchant de la perfection – dommage de ne pas entendre davantage cette noble basse confinée au rôle peu copieux, mais essentiel, du Roi de Bavière. Renforcé par celui de la Radio lettone, le Chœur de l’Opéra de Montpellier livre une exécution éloquente et homogène.


Et si un directeur d'opéra donnait sa chance à Fantasio?



Sébastien Foucart

 

 

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