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Tons voisins et plus si affinités

Albi
Palais de la Berbie & Grand Théâtre
07/04/2015 -  
Cour du Palais de la Berbie
Felix Mendelssohn : Octuor à cordes en mi bémol majeur, opus 20
Eric Lacrouts, Anne Gravoin, Alexandre Pascal, Vashka Delnazavi (violon), Marie Chilemme, Issey Nadaud (alto), Marie-Paule Milone, Aurélien Pascal (violoncelle)


Contrat d’artiste – Pub Electro-vigueur
Yvette Guilbert : Textes sur Toulouse-Lautrec: La Rencontre, Les Maisons closes & Sur l’amour – La bonne mère
Jean Varney/Numa Blès : Vive la liberté!
Aristide Bruant : Rue Saint-Vincent
Charles de Sivry : Le Jeune Homme triste
Louis Byrec : J’suis pocharde
Désiré Dihau : La Tour Eiffel
Paul Marinier : D’elle à lui
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Trio avec piano «A la mémoire d’un grand artiste», opus 50

Hélène Delavault (chant), Régis Goudot (récitant), Eric Lacrouts (violon), Marie-Paule Milone (violoncelle), Denis Pascal (piano)



Grand Théâtre
Saint-Grégoire de Narek : Havun Havun
Soghomon Komitas : L’abricotier – Hov arek sarer
Soghomon Komitas/Sarahjian : Toccata pour piano; Yerkinkn ampets
Aram Khatchatourian : Toccata
Polyphonies traditionnelles corses

A Filetta (chant polyphonique), Araïk Bartikian (doudouk), Varduhi Yeritsyan (piano)




Pour sa neuvième édition, le festival Tons voisins à Albi s’est placé sous le signe des relations parfois conflictuelles que la musique noue avec le pouvoir, ce dont le siècle passé a offert plus d’un exemple, à l’instar du nazisme ou de l’empire soviétique, naturellement représentés comme il se doit. En cette année qui célèbre le centenaire du génocide arménien, le drame caucasien n’a pas été oublié, et le concert de clôture rend hommage à ce pays malmené par l’Histoire. Les sonorités pastorales du doudouk, confié à Araïk Bartikian, plongent l’auditeur au cœur de traditions idiomatiques, retranscrites entre autres par les pages de Komitas, quand la Toccata pour piano de Khatchatourian, sous les doigts aussi sensibles que virtuoses de Varduhi Yeritsyan, témoignent d’une intégration originale de la tradition savante, et d’un génie qui ne se résume pas à la «Danse du sabre». Les chœurs a capella corses d’A Filetta reprennent essentiellement un corpus sacré, dont la ferveur liturgique assure la connivence avec le public.



D. Pascal, H. Delavault (© F. de Villeneuve)


En marge de cette colonne vertébrale, Albi ne saurait faire l’impasse sur Toulouse-Lautrec, dont on célébrait cette saison le cent-cinquantième anniversaire. Le directeur artistique, Denis Pascal, quitte l’enceinte du répertoire classique, pour celle du palais de la Berbie – où le musée consacré au peintre albigeois a élu domicile – et du registre de café-concert, accompagnant, avec un admirable sens des atmosphères, Hélène Delavault dans une évocation d’Yvette Guilbert, au travers de textes et de chansons de l’actrice familière de l’illustrateur de la Bohème parisienne. Scandé par des extraits du journal de la cantatrice, le programme distille humour et tendresse, jusque dans les ressacs les plus triviaux de l’existence, à l’instar d’un Contrat d’artiste qui ferait aujourd’hui frémir le droit du travail. Quand Rue Saint-Vincent d’Aristide Bruant ou Le Jeune Homme triste de Charles de Sivry se révèlent teintés d’une délicate mélancolie, on se réjouit de la satire un rien anarchiste de Vive la liberté!, ou encore de l’inimitable numéro d’ébriété de la soliste dans J’suis pocharde de Louis Byrec. Le Trio «A la mémoire d’un grand artiste» de Tchaïkovski, avec Eric Lacrouts et violon et Marie-Paule Milone au violoncelle, constitue un complément plus que roboratif.



E. Lacrouts, Al. Pascal, A. Gravoin, V. Delnazavi, A. Pascal, M.-P. Milone, I. Nadaud, M. Chilemme (© F. de Villeneuve)


Enfin, les quatre jours de la manifestation midi-pyrénéenne sont également parsemés d’impromptus, offerts gracieusement par les musiciens, à l’image de l’Octuor à cordes de Mendelssohn donné le samedi après-midi dans la cour du Palais de la Berbie. Dès l’Allegro moderato initial, la complicité entre les pupitres – et tout particulièrement le violon d’Eric Lacrouts et l’alto de Marie Chilemme – frappe par son évidence. Plus que deux quatuors qui se répondent, la formation vibre comme un orchestre de chambre nourri d’une vitalité communicative. Un lyrisme chantant innerve l’Andante, avant un savoureux Scherzo, et un généreux final Presto à l’urgence irradiante, preuve que l’excellence à Albi ne fait pas de façons.


Le site des rencontres internationales de musique de chambre Tons voisins



Gilles Charlassier

 

 

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