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Ailey, encore et toujours

Paris
Théâtre du Châtelet
07/09/2015 -  
Aszure Barton : LIFT: opening
Hans van Manen : Polish Pieces: duet
Robert Battle : Strange Humors
Ronald K Brown : Four Corners: last section – Grace (extrait)
Ulysses Dove : Bad Blood: 1st section
Christopher Wheeldon : After the Rain Pas de Deux
Asadata Dafora : Awassa Astrige/Ostrich
Alvin Ailey : Revelations

Alvin Ailey American Dance Theater


J. Roberts (© Andrew Eccles)


Pour la quatrième fois en dix ans, «Les Etés de la danse» invitent à Paris du 7 juillet au 1er août l’Alvin Ailey American Dance Theater, dirigé depuis quatre ans par Robert Battle, qui sera sur la scène du Châtelet pendant trois semaines, soit vingt-sept représentations avec dix-huit chorégraphies dont dix inédites en France.



A. Douthit-Boyd (Awassa Astrige/Ostrich) (© Paul Kolnik)


La saison aux «Etes de la danse» commence traditionnellement par une soirée de gala qui réunit autour de la troupe invitée public, mécènes et amis de cette manifestation qui est désormais le prolongement estival de la saison chorégraphique parisienne. Pour le gala marquant la venue de l’Alvin Ailey American Dance Theater, Robert Battle avait opté pour un programme dont la première parie empruntait à des chorégraphies du répertoire, principalement des pièces jamais présentées en France, de larges extraits s’enchaînant sans interruption. Belle idée car le choix avait une belle unité et offrait une petite heure d’aperçu de ce dont cette magnifique troupe est capable. Notamment d’évoquer au travers de chorégraphies de styles tout à fait singuliers les origines africaines de la danse afro-américaine avec une troupe constituée en quasi-totalité de danseurs noirs. Dans le contexte actuel très ambigu de l’Amérique du Nord vis-à-vis de ses communautés afro-américaines, ce choix a une forte résonance avec des pièces à la chorégraphie aussi tribale que LIFT d’Aszure Barton, Four Corners de Ronald K Brown ou Strange Humours de Robert Battle, présentées en première française, toutes magnifiquement éclairées et servies par des danseurs au physique et à la technique exceptionnels. Intercalées et bien choisies pour s’intégrer parfaitement à ce parcours, des chorégraphies européennes comme Polish Pieces de Hans van Manen ou le célébrissime pas de deux After the Rain de Christopher Wheldon sur une musique d’Arvo Pärt offraient une passionnante alternative à ce que nous avons l’habitude de voir interprété par des danseurs européens à la technique, la rythmicité et l’anatomie différentes. Cette première partie, qui s’achevait par les démonstrations rythmiques proche de la transe d’Awassa Astrige/Ostrich d’Asadata Dafora et Grace de Ronald K. Brown, deux autres premières françaises, passait comme dans un songe.



Revelations(© Nan Melville)


Revelations, en seconde partie, spécialité absolue de la maison, est une chorégraphie par laquelle le jeune Alvin Ailey frais émoulu de chez Martha Graham en 1960 a fixé l’identité de sa troupe. On ne se lasse pas de voir et revoir cette grande suite de tableaux sur le passage de l’esclavage à la liberté, réglée sur de magnifiques chants traditionnels du gospel, aux éclairages magiques et aux costumes increvables de Ves Harper (ceux de Rocka my Soul, le final toujours repris à l’envie, ont été redessinés par Barbara Forbes). C’est l’essence même de l’Amérique qui coule dans les corps des danseurs, racontant avec un naturel et une contagieuse joie de danser en une quarantaine de minutes une page de l’histoire du monde.


Pour compléter ces représentations, «Les Etés de la danse organisent, avec la danseuse étoile Monique Loudières, un stage international thématique avec cette magnifique compagnie. Et, comme les années précédentes, le cinéma Le Balzac présentera une programmation de films autour de l’Alvin Ailey American Dance Theater.


Le site de l’Alvin Ailey American Dance Theater



Olivier Brunel

 

 

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