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Drôle de ménage à trois

Madrid
Teatro Real
06/30/2015 -  et 3, 6*, 9, 12 juillet 2015
Enrique Granados: Goyescas (*)
Umberto Giordano: Andrea Chénier: «Nemico della patria»
Giuseppe Verdi: Macbeth: «Pietà, rispeto amore» – Falstaff (duo) – La traviata (duo)
Federico Moreno Torroba: Luisa Fernanda (extrait)
Gioacchino Rossini: La Cenerentola (extrait)
Giacomo Puccini: Gianni Schicchi

Goyescas: María Bayo (Rosario), Andeka Gorrotxategi (Fernando), César San Martín (Paquiro), Ana Ibarra (Pepa), Albert Calsals (Chanteur)
Récital: Plácido Domingo (baryton), Maite Alberola (soprano), Luis Cansino (baryton), Bruno Praticò (baryton-basse)
Gianni Schicchi: Nicola Alaimo*/Lucio Gallo (Gianni Schicchi), Maite Alberola (Lauretta), Elena Zilio (Zita), Alberto Casals (Rinuccio), Vicente Ombuena (Gherardo), Bruno Praticò (Betto di Signa), Eliana Bayón (Nella), Luis Cansino (Marco), María José Suárez (La Ciesca).
Coro Titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Guillermo García Calvo (*), Giuliano Carella (direction musicale)
Woody Allen (mise en scène), Kathleen Smith Belcher (reprise de la mise en scène), Santo Loquasto (décors et costumes), Mark Jonathan (lumières)


P. Domingo (© Javier del Real)


Un quasi-opéra comme Goyescas en version de concert, ou plutôt mis en espace. Un opéra toujours beau, toujours insuffisant.
Un récital de Plácido Domingo avec ses collègues de la distribution de Gianni Schicchi dans laquelle il n’a finalement pas chanté le rôle-titre.
Et pour conclure, Gianni Schicchi dans la mise en scène conçue par Woody Allen pour Los Angeles.
Tout cet ensemble a quelque chose de rare, de composite. Goyescas etGianni Schicchi formaient déjà, comme cela était prévisible, un ménage trop hétérogène; mais avec les cinquante minutes du récital juste avant l’entracte, cela fait un drôle de ménage à trois...


Plácido Domingo a voulu faire un cadeau à ses concitoyens de Madrid avec ce récital, parce que venant d’être frappé par un très sérieux problème familial, il ne se trouvait pas dans la meilleure disposition d’esprit pour assumer un rôle aussi comique que celui de Schicchi. Il est maintenant baryton – certes un baryton à la voix claire et dont le registre n’est pas très mesurable. Sa puissance, son volume, la couleur et la qualité de sa voix, sa vitalité dramatique sont incroyables. Mais est-il vraiment un baryton? Pendant presque une heure, il a chanté «Nemico della patria» (Andrea Chénier), «Pietà, rispeto amore» (Macbeth) et une romanza de la zarzuela Luisa Fernanda de Federico Moreno Torroba. Alternant avec lui, trois de ses collègues ont montré leur art et leur bonne forme: Bruno Praticò dans La Cenerentola, Luis Cansino dans Falstaff (tous le deux avec un formidable sens comique) et Maite Alberola, très convaincante, avec Plácido, dans le duo Violetta-Germont du deuxième acte de La Traviata. De toute façon, le public adore Plácido, et celui-ci a provoqué l’enthousiasme du public, d’ailleurs non sans raison.



(© Javier del Real)


On avait d’abord entendu une version pas inoubliable de Goyescas, un opéra dont les beautés sont certaines, quoique éparses, dans un déroulement dramatique qu’on dirait pressé d’en finir. Dommage, parce que María Bayo, bien connue et toujours bien reçue au Teatro Real, aurait pu mieux faire, gênée par un rôle il est vrai assez mal défini, et parce qu’Ana Ibarra a une belle voix de mezzo – elle a déjà chanté des rôles très exigeants du répertoire: Carmen, Dalila, Charlotte, Amneris, Azucena. Et aussi parce que Guillermo García Calvo, directeur musical, mérite des occasions plus colorées, plus à son niveau de musicien, en véritable maestro qu’il est.



(© Javier del Real)


Ce Gianni Schicchi fonctionne bien du point de vue dramatique, mais on a déjà vu auparavant des solutions plus adéquates, plus vivantes, plus agiles. Dans cet opéra, l’agilité est nécessaire, essentielle même, parce qu’il s’agit d’un opéra où il n’y a pas de protagoniste bien défini, où le protagoniste est le groupe, où il y a un parlando cantabile permanent (hormis les deux minutes, en plein cœur de l’opéra, d’«O mio babbino caro»), où l’action est parfois vertigineuse. La production de Woody Allen évoque, avec des lieux communs traités comme tels, une famille italienne du sud, mais apparemment en Amérique; il n’y a de Florence que la coupole, au fond, dans le dessin des décors. Allen change la fin, avec une vendetta tout à fait logique dans l’ambiance dépeinte depuis le début – les vêtements, l’appartement, les meubles, les décors, la terrasse. Vivacité, oui, ma non troppo. Des voix en situation, comme le Schicchi d’Alaimo, la Lauretta de Maite Alberola, encore, la Zitta d’Elena Zilio, le Marco de Luis Cansino, le Betto de Bruno Praticò... Globalement, une bonne distribution, mais il manquait quelque chose, malgré l’accompagnement très satisfaisant de la fosse, dans la direction de Giuliano Carella.


Trois spectacles, chacun avec ses beautés inégales, qui ne sont pas compensées par un entassement hétéroclite dont le résultat n’est pas à la hauteur d’un théâtre comme celui-ci.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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