Back
Fin de cycle Gent Opera Vlaanderen 06/16/2015 - et 18, 21, 23, 26, 28*, 30 juin 2015 Wolfgang Amadeus Mozart: Le nozze di Figaro, K. 492 Levente Molnár (Il Conte di Almaviva), Julia Kleiter (La Contessa di Almaviva), David Bizic (Figaro), Julia Westendorp (Susanna), Renata Pokupic (Cherubino), Peter Kálmán (Bartolo), Kathleen Wilkinson (Marcellina), Adam Smith (Basilio, Don Curzio), Piet Vansichen (Antonio), Aylin Sezer (Barbarina)
Koor Opera Vlaanderen, Matteo Pirola (chef de chœur), Symfonisch orkest Opera Vlaanderen, Paul McCreesh (direction)
Guy Joosten (mise en scène), Johannes Leiacker (décor), Jan Vereecken (lumières), Karin Seydtle (costumes)
(© Opera Vlaanderen)
Le cycle Mozart/Da Ponte de Guy Joosten se termine : après Don Giovanni (voir ici et ici) et Così fan tutte, Opera Vlaanderen reprend sa production des Noces de Figaro de 1995. Eloquente, pertinente et lisible, elle n’a pas vieilli. Le décor mérite le détour : une serre aux vitres sales dont la perspective se prolonge au troisième acte et qu’une explosion détruit au quatrième. Ce spectacle à la théâtralité exaltée et dégageant de la poésie confirme une des vertus cardinales de cette trilogie : la virtuosité de la direction d’acteur, qui confère à chaque personnage son juste poids psychologique. Et si le spectacle demeure le plus souvent amusant et léger, grâce à un humour de bon goût, il se teinte parfois d’un soupçon de gravité.
La distribution dispense des bonheurs divers mais elle se plie aux exigences du théâtre sans trop sacrifier la beauté du chant. La personnalité du comte Almaviva incarné par Levente Molnár manque de contrastes mais le baryton, qui possède une voix alerte et solide, livre une prestation assurée et probante. Chant de qualité, également, que celui de Julia Kleiter qui incarne la Comtesse avec l’élégance requise, malgré des aigus parfois durs et une ligne pas toujours raffinée. Le timbre riche de David Bizic se pare de suffisamment de vertus pour séduire et le baryton chante dans un style orthodoxe mais c’est avant tout le tempérament de ce Figaro, drôle mais pas trop bouffe, qui retient l’attention. Dotée d’une voix fruité, ferme et agile, Julia Westendorp campe une sympathique Suzanne et réalise une prise de rôle plutôt accomplie, malgré un chant plus inconstant à la fin de la représentation.
Le Chérubin de Renata Pokupic évolue dans cet ensemble soudé avec aisance et naturel mais le chant, convenable, et la voix, bien conduite, ne présente pas de signes distinctifs particuliers. Les autres personnages s’avèrent délicieusement croqués, comme le Bartolo à la voix charpentée de Peter Kálmán, la Marcelline corpulente de Kathleen Wilkinson, sorte de femme d’affaire tout de rose vêtue et tapant sur les postérieurs avec son sac à main, et l’Antonio empâté de Piet Vansichen, dont la mauvaise humeur et le timbre sombre rappellent Osmin. La voix aigre et nasale d’Adam Smith reste affaire de goût mais il est en revanche difficile de résister à la Barberine d’Aylin Sezer, au physique accrocheur et au sourire coquin – la voix paraît cependant un peu trop grave pour le rôle. Paul McCreesh obtient de l’orchestre une sonorité sèche et fruste mais la direction du chef britannique s’attache à respecter un équilibre satisfaisant avec le plateau et à imprimer l’impulsion nécessaire pour rendre cette journée aussi folle que possible.
Sébastien Foucart
|