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Jamais deux sans trois !

Zurich
Opernhaus
06/21/2015 -  et 24, 27, 30 juin, 5, 7, 9, 12 juillet 2015
Vincenzo Bellini : I Capuleti e i Montecchi
Alexei Botnarciuc (Capellio), Olga Kulchynska (Giulietta), Joyce DiDonato (Romeo), Benjamin Bernheim (Tebaldo), Roberto Lorenzi (Lorenzo)
Chor der Oper Zürich, Jürg Hämmerli (préparation), Philharmonia Zürich, Fabio Luisi (direction musicale)
Christof Loy (mise en scène), Christian Schmidt (décors et costumes), Franck Evin (lumières), Thomas Wilhelm (chorégraphie), Kathrin Brunner (dramaturgie)


(© Monika Rittershaus)


En cette année 2015, les scènes lyriques suisses semblent porter bonheur à Christoph Loy. Après une émouvante Daphné à Bâle en février puis une électrisante Médée à Genève en avril, le metteur en scène allemand vient de réussir la passe de trois à Zurich avec une version des Capulets et Montaigus de Bellini qui s’apparente à un subtil « thriller » psychologique. I Capuleti e i Montecchi - une des plus belles partitions belcantistes jamais composées -, c’est Roméo et Juliette. Pour Christof Loy, c’est surtout Juliette. Il faut dire que le librettiste, Felice Romani, s’est éloigné de Shakespeare pour faire de l’héroïne une femme qui ne peut accepter l’amour de Roméo. Christof Loy a cherché à savoir pourquoi elle agissait ainsi. Selon lui, Juliette a été abusée par son père lorsqu’elle était enfant. Il la voit comme une jeune femme triste et névrosée, passive, totalement sous l’emprise de son père, vivant dans un monde d’hommes et craignant tout contact physique. Lorsque Roméo lui demande de la suivre, elle prétexte l’honneur et la famille pour refuser. Syndrome de Stockholm ? Dans un décor pivotant montrant différentes pièces – toutes tristes, froides et sobrement meublées – de la demeure de Capellio, Juliette traîne sa mélancolie comme une prisonnière, traumatisée par les cadavres ensanglantés qui l’entourent, victimes d’incessantes guerres de clans. On peut bien sûr adhérer ou non à ce propos audacieux, mais force est de reconnaître la cohérence et l’intelligence du spectacle.


La Juliette intense et fragile d’Olga Kulchynska cadre parfaitement avec l’héroïne imaginée par Christof Loy. Cette jeune chanteuse russe de 24 ans est une véritable révélation : membre de l’académie de chant du Bolchoï, elle a été exceptionnellement autorisée à se produire à Zurich, et c’est une aubaine pour le public ! Son timbre juvénile et chaud, sa facilité dans les aigus et l’homogénéité de son chant impressionnent ; assurément un nom à retenir. Pour sa part, Joyce DiDonato est un Roméo tout simplement superlatif. Une fois passées quelques petites difficultés initiales, la mezzo-soprano américaine incarne un personnage intense et flamboyant, avec une technique hors pair, un chant harmonieux sur toute la tessiture – quand bien même la partition exige de redoutables changements de registre – et un « legato » exemplaire. Benjamin Bernheim en Tebaldo particulièrement vaillant chante à l’avenant, avec son beau timbre de ténor lumineux, même s’il a tendance à forcer la voix. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par le chef, Fabio Luisi, qui privilégie les décibels et les « tempi » rapides, ne rendant que partiellement le voile de mélancolie et de langueur qui enveloppe l’opéra. Malgré tout, ce spectacle restera dans les annales de l’Opernhaus !



Claudio Poloni

 

 

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