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Electrisante Titan

Paris
Philharmonie 1
06/16/2015 -  et 14 juin 2015 (London)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour violon n° 3 en sol majeur, K. 216
Gustav Mahler : Symphonie n° 1 en ré majeur «Titan»

Alina Ibragimova (violon)
London Symphony Orchestra, Bernard Haitink (direction)


A. Ibragimova (© Eva Vermandel)


A plus de quatre-vingt-six ans, Bernard Haitink est un monstre sacré de la direction d’orchestre qu’il importe de voir et d’entendre dès que l’occasion se présente, le résultat étant presque toujours enthousiasmant.


C’est donc une Philharmonie comble qui accueillit deux artistes de générations fort différentes (la jeune violoniste russe Alina Ibragimova étant née en 1985) pour un concert débutant par le Troisième Concerto de Mozart. Dès l’entrée en lice de l’Orchestre symphonique de Londres en formation des plus allégées, les deux contrebasses étant inhabituellement positionnées au centre des cordes, Haitink impose un climat d’une très grande finesse, rejoint par une soliste aux sonorités idéales. Dans le deuxième mouvement, le discours musical s’épanouit doucement, les flûtes relançant à bon escient la violoniste qui offre un jeu dont la séduction réside avant tout dans sa simplicité et dans son évidence, caractères que l’on retrouve dans le Rondo conclusif. Après avoir notamment fait la bise à son ancien professeur, le concertmaster Gordan Nikolitch, Alina Ibragimova offre un bis maniéré et, somme toute, assez artificiel en jouant la Gavotte en Rondeau tirée de la Troisième Partita de l’inévitable Bach.


En seconde partie de concert, Haitink renouait avec un de ses compositeurs de prédilection, Mahler, la Première Symphonie ayant sans doute été un de ses tout premiers enregistrements réalisés à la tête de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam en septembre 1962 (Philips). Comme on a également pu le remarquer lorsqu’il interprète Bruckner, Haitink use désormais de tempi beaucoup plus retenus que par le passé, ce qui a parfois (notamment à la fin du premier mouvement) amoindri la dynamique dont on avait bénéficié jusqu’alors. Pour autant, c’est une Titan de tout premier ordre que Haitink et l’orchestre nous ont offerte. Sans esbroufe ni effet de manche inutile, le grand chef néerlandais dirigea chaque mouvement de la symphonie avec une vision claire et une battue précise, veillant aux équilibres de la partition (tout spécialement dans le deuxième mouvement), galvanisant l’orchestre par un simple coup d’œil – la fin du dernier mouvement, lorsque les huit cors se levèrent, comme le recommande d’ailleurs la partition. Pour leur part et comme on pouvait s’y attendre, les musiciens de l’orchestre rendirent parfaitement justice aux «sons de la nature» requis dans le premier mouvement (que l’on retrouve d’ailleurs plus tard dans la symphonie), Colin Paris à la contrebasse solo entonnant avec une grande justesse de ton le célèbre thème du troisième mouvement avant que le tutti orchestral inaugurant le quatrième mouvement n’explose dans un fracas extraordinaire. Signalons à ce titre l’excellent pupitre de percussions dominées par le charismatique timbalier Antoine Bedewi!


C’est donc une Philharmonie enthousiaste qui salua cette performance haute en couleur, servie par un orchestre brillant et surtout l’un des plus grands mahlériens actuels de la direction d’orchestre: que ce fut réjouissant!


Le site d’Alina Ibragimova
Le site de l’Orchestre Symphonique de Londres



Sébastien Gauthier

 

 

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