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Mischa l’enchanteur

Strasbourg
Palais de la musique
04/30/2015 -  et 29 avril 2015 (Köln)
Carl-Maria von Weber : Oberon: Ouverture
Gabriel Fauré : Elégie en ut mineur, opus 24
Camille Saint-Saëns : Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 en la mineur, opus 33
Sergei Rachmaninov : Danses symphoniques, opus 45

Mischa Maisky (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)


M. Maisky


Le phénomène Mischa Maisky, 67 ans aujourd’hui, c’est peut-être d’abord un look, immuablement particulier, que l’on retrouve à chaque fois avec le même amusement. Ce soir l’ample chemisier de soie est d’un éclatant bleu électrique, le pantalon noir flotte confortablement comme à l’accoutumée, l’énorme chevelure grise est tellement conséquente que dans les premières positions sur le manche du violoncelle les doigts de l’instrumentiste semblent se prendre dedans, et l’énorme mouchoir qui surgit périodiquement afin de s’essuyer le visage ne manque évidemment pas à l’appel. Mais au-delà de ces aspects désormais familiers, ce qui nous happe d’emblée dès les premiers coups d’archet ce sont les retrouvailles avec une sonorité à nulle autre pareille, puissamment nourrie jusque dans le suraigu, y compris même dans le jeu en harmoniques. Il y a là une pâte généreuse, un refus absolu de l’indifférence autant que du joliment décoratif, qui vous clouent sur place.


Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir entendu de multiples fois Mischa Maisky dans ces chevaux de bataille que sont l’Elégie de Fauré et le Premier Concerto de Saint-Saëns. Mais la magie opère toujours, et l’impact physique du son se double chaque année davantage d’un sens aigu des gradations dynamiques, variations obtenues grâce à une foudroyante technique d’archet, les crins semblant rebondir sur les cordes avec la précision d’un danseur étoile confronté à une chorégraphie complexe. Une approche que l’on pourrait presque trouver trop généreuse et gorgée de vie pour ces musiques françaises réputées un peu gourmées, mais heureusement Marko Letonja et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg sont là pour bien rétablir l’équilibre, toujours à l’écoute, avec des belles transparences de trame. Une compétence déjà annoncée auparavant par une Ouverture d’Obéron de Weber sans anicroche. Après quelques mois d’absence l’orchestre strasbourgeois a heureusement retrouvé son timonier. Il était temps !


Bis inattendu, avec orchestre : l’air de Lenski d’Eugène Onéguine de Tchaïkovsky, dont la souple mélodie s'adapte parfaitement au violoncelle. Un beau moment d’effusion russe, sans aucun débordement cependant. Et ensuite, car le public continue à rappeler le soliste sans relâche, un Prélude de la Première Suite de Bach pris à un train d’enfer, ce qui n’empêche pas l’archet d’aller chercher chaque note avec la même implacable précision.


Choix difficile après l’entracte, avec les vétilleuses Danses symphoniques de Rachmaninov, un véritable concerto pour orchestre qui ne dit pas son nom et met à aussi rude épreuve les premiers pupitres que la cohésion des cordes. A tous égards, sous la direction scrupuleuse de Marko Letonja, le pari est gagné haut la main, grâce à une concentration remarquable de tous. Difficile de citer tout le monde mais chacun s’acquitte de sa tâche avec l’implication, le chic voire le rien de posture avantageuse d’un chanteur dans un ensemble d’opéra, ce qui rend captivante l’audition de ces trois tableaux particulièrement mouvementés voire touffus. A tous égards une aventure fascinante, qui bénéficie de surcroît de l’expérience acquise la veille lors de l’exécution de ce même concert dans la salle de la Philharmonie de Cologne.


Bis d’orchestre encore moins attendu, après un concert d’abonnement, mais qui s’explique par ce contexte récent de déplacement à l’étranger : une trépidante Farandole de L’Arlésienne de Bizet. Bel effet global, à peine perturbé par quelques cohésions perfectibles encore dans les traits de violon : c’est là sans doute, grâce à l’implication que l’on peut espérer de la toute jeune Charlotte Juillard, nouveau premier violon super soliste, que l’orchestre dispose encore d’une vraie marge de progression.



Laurent Barthel

 

 

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